Les quatre musiciens qui composent l’ensemble ont fait escale à Ambronay avant de partir en résidence dans des pays européens.
Publié
Temps de lecture : 3 min
C’est l’une des particularités du Festival d’Ambronay : programmer de jeunes talents aux côtés des étoiles du baroque. Ainsi, le dimanche 15 septembre à 11h, la salle Monteverdi était comble pour accueillir un ensemble encore inconnu – sans doute pas pour longtemps.
Son nom, La Mandorle, évoque en italien la forme en amande de la coque du théorbe, ce grand luth baroque à long manche, instrument au cœur de l’ensemble, qui assure la basse continue, en lieu et place du clavecin habituel.
Essai réussi pour les quatre jeunes musiciennes (avec la théorbiste Élodie Brzustowski, on retrouve les sœurs Sors, Clotilde au violon et Camille au violoncelle, et Victoire Delnatte au hautbois), le coup de foudre fut immédiat avec un public familial emporté par l’incroyable énergie transmise.
Et par la bonne idée de programmation : un voyage dans le premier quart du XVIIIe siècle entre la France et l’Italie, deux pays qui, avant de s’opposer frontalement (vers 1750) pour leurs traditions musicales, s’inspirèrent mutuellement. C’est cet esprit que mettent en avant les musiciens.
Par exemple, cette pièce joyeuse de Louis Nicolas Clérembault, à la croisée des influences. « Cela s’appelle Bonheur, « On ne peut pas trouver un titre plus français que celui-ci, il est présenté comme une sonate – à l’italienne donc – et ressemble beaucoup à une suite de danse française. »explique Élodie Brzustowski.
« Le fait que tous les mouvements se succèdent sans arrêt est très italien, mais les titres des mouvements sont mixtes : italien (comme allegro ou piano) et français (lentement ou lent) ». Vous nous suivez ?
Sur scène, le voyage est commenté et expliqué par les instrumentistes avec un sens de la transmission et un peu de légèreté. Nous voici en Italie, cette fois, avec une pièce de jeunesse peu connue de Vivaldi – la Trio Sonata RV 820 –, où la violoncelliste et la violoniste (les deux sœurs) s’affrontent avec passion dans une joute savoureuse, notamment dans les mouvements allegro et presto.
« Ici, c’est complètement italien, très virtuose, avec beaucoup d’ornementation. Il y a une grande place pour le violoncelle, instrument né en Italie et à ce moment précis, peu répandu en France. »« Le public en demande davantage », explique Élodie Brzustowski, qui nous parle en tant que porte-parole du groupe.
Un autre instrument nous ramène en France, ce fameux théorbe rarement utilisé en partie soliste (car le plus souvent utilisé pour la basse). Le jeu en vaut la chandelle dans ce joli prélude à une suite de Robert de Visée, jadis célèbre musicien et professeur de guitare de Louis XIV. Transcrite par les musiciens de La Mandorle (tous qualifiés pour enseigner) pour basse et deux sopranos (violon et hautbois) au lieu d’un seul, la suite s’est ainsi quelque peu « italianisée ».
Comprenez parée de virtuosité : celle-là même que l’on retrouve dans la dernière pièce proposée, une sonate en trio en sol mineur de Haendel, vibrant dialogue entre le violon et le hautbois. Chaleur et gaieté. On sait que le musicien allemand, qui a fait une grande partie de sa carrière à Londres, a été largement marqué par son séjour à Rome, influencé notamment par Corelli.
« Cela montre clairement la circulation des idées à travers l’Europe. »conclut Élodie Brzustowski. L’ensemble La Mandorle a été invité à se produire au Festival d’Ambronay après avoir passé avec succès les auditions du programme européen « S-eeemerging » pour groupes émergents en avril dans ces mêmes lieux. L’aventure européenne peut commencer pour les quatre musiciens.
Grb2