L’Azerbaïdjan s’affirme comme puissance régionale
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L’Azerbaïdjan s’affirme comme puissance régionale

L’Azerbaïdjan s’affirme comme puissance régionale
Deux soldats russes, près de l'aéroport de Khankendi (Stepanakert, en arménien), dans le Haut-Karabakh, en Azerbaïdjan, en octobre 2023.

Le dirigeant azerbaïdjanais Ilham Aliev a rendu lundi 22 avril une visite polie à son homologue russe Vladimir Poutine à Moscou, sur fond de départ des troupes d’interposition russes du Haut-Karabagh. Voir les soldats de l’ancien pouvoir tutélaire quitter le pays réjouit de nombreux Azerbaïdjanais, mais le chef de l’Etat a pris soin de mettre en place les formalités, déclarant, à l’issue de la réunion, que « La Russie est un pays fondamental dans le domaine de la sécurité régionale dans le Caucase et dans une géographie plus large ».

Ce retrait des forces russes, initialement prévu pour novembre 2025, était à l’ordre du jour depuis que l’Azerbaïdjan a pris le contrôle total du Haut-Karabakh en septembre 2023, à la suite d’une offensive éclair, et en a chassé les quelques 120 000 Arméniens qui y vivaient. Environ 2 000 soldats d’interposition russes, envoyés dans le cadre du cessez-le-feu de novembre 2020 qui a mis fin à la guerre dans l’enclave séparatiste, n’avaient plus aucune raison de rester. « La seule question était de savoir quand et comment les Russes partiraient », explique Shujaat Ahmadzada, chercheur indépendant à Bakou.

Les autorités azerbaïdjanaises n’ont donné aucune explication sur ce départ anticipé. «À ce stade, la raison de cette décision est inconnue, mais pour la Russie, cela semble être une façon de sauver la face», analyse le politologue, collaborateur du groupe de réflexion Carnegie Endowment for International Peace. En trente ans de conflit au Haut-Karabakh, Bakou s’est toujours opposé à un tel déploiement. Il n’a décidé de le faire qu’après la guerre de 2020, lorsque Moscou est intervenue pour geler le conflit..

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a changé la donne et modifié les équilibres régionaux. « Depuis, la Russie a revu ses priorités, poursuit M. Ahmadzada. Le Caucase du Sud, qu’il considère comme sa zone d’influence, occupe la deuxième place, derrière l’Ukraine. Moscou n’est plus capable de jouer un rôle de médiateur entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ni d’intervenir dans ce domaine comme auparavant. » L’Azerbaïdjan est venu combler le vide laissé par la Russie. L’ancienne puissance tutélaire a par ailleurs été supplantée par la présence de plus en plus visible de la Turquie, alliée privilégiée de Bakou.

« Puissance moyenne »

Fort de ses succès militaires, obtenus en grande partie grâce au soutien d’Ankara, Ilham Aliev, au pouvoir depuis 2003, s’impose désormais comme un acteur de plus en plus incontournable dans la région. L’invasion de l’Ukraine lui a permis de devenir plus influente diplomatiquement et économiquement : l’Azerbaïdjan est aujourd’hui un partenaire plus important, non seulement pour la Russie, mais aussi pour l’Occident, à qui il livre davantage de gaz. Afin de réduire sa forte dépendance au gaz russe et de diversifier ses approvisionnements, l’Union européenne (UE) a signé en juillet 2022 un nouvel accord gazier avec Bakou. L’objectif est que ce pays double ses exportations de gaz vers l’UE d’ici 2027.

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