L’avenir de Duralex en suspens, décision attendue le 26 juillet
Les 228 salariés de Duralex devront encore patienter : le tribunal de commerce d’Orléans, après avoir longuement analysé mercredi les trois offres de reprise, a reporté au 26 juillet sa décision sur le sort de l’emblématique verrerie française, connue dans le monde entier pour sa célèbre vaisselle incassable.
Depuis fin avril, salariés et organisations syndicales sont plongés dans la plus grande incertitude quant à leur avenir suite à la mise en redressement judiciaire de leur entreprise.
Durant six longues heures, le tribunal de commerce a étudié les trois demandes de reprise déposées pour relancer Duralex, le fleuron de l’industrie française qui emploie 228 salariés à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), ville de l’agglomération orléanaise.
Symbole de l’immense attente, quelque 90 personnes, dont une vingtaine de salariés, se sont rassemblées avant le début de l’audience.
« Nous demandons simplement que l’entreprise continue d’exister », a déclaré Michael Ramos, employé de Duralex depuis 29 ans, sur les marches du palais de justice.
Parmi les trois offres, la proposition de la Société coopérative de production (Scop), est la meilleure en termes d’emplois, soutenue par 60% des salariés et soutenue par la direction du site. Cent cinquante salariés de l’entreprise favorables au projet ont même déjà investi « 500 euros de leur poche », selon la CFDT, syndicat majoritaire.
Cette offre prévoit le maintien de l’ensemble des effectifs et a obtenu le soutien des élus locaux, dont celui de la région, qui a promis son soutien sous forme de garantie bancaire.
Le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, a exprimé son « immense espoir » que l’entreprise « continue à vivre demain à travers la Scop » pour sauver « un produit emblématique de la région ».
La métropole d’Orléans a également proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme estimée entre cinq et huit millions d’euros, afin d’aider à convaincre les banques de financer le projet.
« Nous sommes confiants, nous attendons le dénouement: nous voulons prendre notre destin en main avec ce projet de Scop », a déclaré à l’AFP Suliman El Moussaoui, délégué syndical CFDT.
– Crises récurrentes –
La deuxième offre est celle de la SARL Tourres et Cie, détenue par Stéphanie et Adrien Tourres.
Le couple possède deux verreries, Waltersperger (Seine-Maritime), reprise en 2018 et spécialisée dans l’embouteillage de luxe pour les cosmétiques avec une quarantaine de salariés, et La Rochère (Haute-Saône), qui compte une centaine de salariés et travaille notamment pour les arts de la table.
« Nous avons travaillé dur pour présenter un projet raisonnable et réaliste », a déclaré Adrien Tourres après sa comparution devant le tribunal.
M. Tourres a qualifié l’entreprise de « marque emblématique » et a déclaré avoir fourni des réponses « positives » pour assurer le bon fonctionnement de l’entreprise.
Leur plan prévoit le maintien de 183 salariés et envisage la mise en place de synergies techniques et commerciales au sein du groupe.
Ce projet a les faveurs de la CGT, qui privilégie « le soutien d’un industriel qui permettra de faire avancer davantage les choses » que le projet de Scop, qu’elle considère comme un « plan B ».
La troisième offre émane de Carlesimo Investissements/GCB Investissements, un groupe industriel familial qui possède deux fonderies, Navylest International, spécialisée dans les quilles en plomb pour bateaux, et Lory International. Elle ne propose que la reprise de 125 emplois.
Duralex est régulièrement confronté à des difficultés financières depuis une vingtaine d’années.
Après une nouvelle procédure de faillite il y a trois ans, l’entreprise a souffert de la flambée des prix de l’énergie suite à l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, temporairement sauvée par un prêt de 15 millions d’euros de l’État.
En 2023, son chiffre d’affaires est tombé à 24,6 millions d’euros contre plus de 31 millions en 2022.
L’entreprise, qui fut la fierté de la production industrielle française, qualifiée de « Tour Eiffel des arts de la table », est aujourd’hui aux mains de la Compagnie Française du Verre, également propriétaire de Pyrex, qui l’a reprise à la barre du même tribunal en 2021.
publié le 17 juillet à 22h43, AFP