L’Autriche. Elle renonce à 25 millions d’euros d’héritage pour les redistribuer à des organismes

Des paroles aux actes ! Marlene Engelhorn, une millionnaire autrichienne qui a fait campagne pour taxer davantage les riches, renonce à 25 millions d’euros d’héritage. Elle les redistribuera à plus de 70 organismes, sélectionnés par un collectif de citoyens.

Ce collectif, composé de 50 citoyens tirés au sort, s’est réuni à Salzbourg, lors de sessions étalées sur six week-ends entre mars et juin, pour choisir les bénéficiaires. Au total, 77 organisations recevront donc des fonds allant de 40 000 euros à 1,6 million, d’Attac à différents think tanks, en passant par des associations de protection de la nature ou de soutien aux sans-abri. Environnement, santé, aide aux demandeurs d’asile, lutte contre les inégalités : « Le résultat est aussi varié que les conseils eux-mêmes », résume Alexandra Wang, qui a dirigé le projet. Les initiatives ont une mission « commune » : œuvrer pour une société plus juste et soutenir ceux qui sont victimes de discrimination, a-t-elle souligné.

Grand « exercice de démocratie »

A ses côtés, les membres de ce « Bon conseil pour la redistribution » ont évoqué « un défi passionnant », un bel « exercice de démocratie » fondé sur le « consensus ». Marlene Engelhorn n’est intervenue qu’au début du processus. «Elle nous faisait confiance et nous étions totalement libres dans nos choix», explique Angelika Taferner, l’une des membres du conseil.

«Je sors de ce ghetto dynastique des riches»

La millionnaire de 32 ans, descendante du fondateur du géant chimique allemand BASF, Friedrich Engelhorn, a annoncé en janvier qu’elle renonçait à 25 millions d’euros. Soit 90 % de son héritage, pour dénoncer la « défaillance » des États face à des inégalités de plus en plus criantes.

Comme des centaines de « millionnaires patriotes » américains, le militant a fondé l’initiative « Tax me now » dans l’espace germanophone. Avant de passer à l’action après le décès de sa grand-mère en septembre 2022 et de concocter cette solution originale. Dans un communiqué, elle s’est félicitée de « la redistribution, dans le respect des valeurs démocratiques, d’une grande partie » de son argent. « J’ai hérité d’une fortune et avec elle du pouvoir, sans jamais avoir rien fait pour le mériter. Et l’État ne veut même pas que je paie des droits de succession », dénonçait-elle en début d’année.

Bientôt privée de la plupart de ses ressources, l’ancienne étudiante en littérature allemande doit désormais envisager pour la première fois un emploi. « Je sors de ce ghetto dynastique des riches », a-t-elle déclaré, jurant qu’elle ne regretterait pas sa décision.