L’autorité de la concurrence inflige une sanction de 900 000 euros à un boucher industriel pour entrave
L’Autorité de la concurrence « a défini le montant de la sanction en tenant compte de la gravité du délit d’entrave, qui entrave l’exercice de sa mission de répression des pratiques anticoncurrentielles ».
Le patron du groupe de charcuterie Loste, également vice-président du lobby du secteur, a déclaré qu’il se trouvait au Royaume-Uni alors qu’il se trouvait à Paris… L’Autorité de la concurrence a annoncé mercredi qu’elle allait infliger à l’entreprise une sanction de 900 000 euros. pour avoir entravé ses enquêtes. L’Autorité de la Concurrence « a défini le montant de la sanction en tenant compte de la gravité du délit d’entrave, qui entrave l’exercice de sa mission de répression des pratiques anticoncurrentielles »a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse.
En novembre 2023, l’Observatoire français de la concurrence a procédé à des perquisitions, baptisées « opérations de visite et de saisie » (OVS), dans les locaux du groupe Loste et ceux de la Fédération Française des Entreprises de Charcuterie (FICT). Le journal Le Canard Enchaîné rapportait à l’époque que l’Autorité soupçonnait plusieurs grandes marques de connivence sur les prix de leurs charcuteries sans nitrites.
Selon la chronologie établie par l’Autorité, le patron du groupe Loste s’était éclipsé de son bureau parisien pendant une heure et demie, avec son téléphone et sa tablette, sans se présenter aux responsables d’OVS au sein de son entreprise. Appelé par un responsable de la FICT, à la demande des enquêteurs, il a déclaré qu’il était en déplacement au Royaume-Uni et ne pouvait se présenter dans les locaux de cet organisme chargé de défendre les intérêts du secteur, dont il est vice-président. . Quant à la directrice juridique du groupe Loste, elle a expliqué ne pas l’avoir vu dans le bureau, avant de se retirer.
« Le comportement en cause entraînait nécessairement un risque de perte ou d’altération des preuves »souligne l’Autorité dans sa décision. Ce texte anonymise l’accusé. Or, le vice-président de la FICT Antoine d’Espous se présente sur LinkedIn comme le patron du groupe Loste, dont la maison mère est domiciliée au Luxembourg, a constaté l’AFP. Cette entreprise fabrique de la charcuterie (jambons, saucissons) dans plusieurs usines en France. L’Autorité ne communique pas le chiffre d’affaires global du groupe.
Ce n’est pas la première fois que l’Autorité de la concurrence enquête sur les pratiques des fabricants de charcuterie. En 2020, un « cartel du jambon » a été condamné pour ententes sur les prix entre 2010 et 2013. La sanction initiale, de 93 millions d’euros, a été réduite à quelque 39 millions d’euros en appel.