l’automobile européenne retient son souffle
Les Américains ont choisi. Et leur 47ème président sera le même que le 45ème : Donald Trump. S’il incarne l’espoir d’une vie meilleure dans son pays pour une majorité d’électeurs, le candidat républicain affiche des positions claires et radicales sur nombre de sujets. Et faire craindre le pire à travers le monde. Notamment dans l’industrie automobile.
Il suffit de regarder la réaction des marchés le 6 novembre, alors que le décompte des voix ne laissait déjà aucun doute sur le fait que c’est bien Donald Trump qui reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier 2025. Si, d’un côté, D’un côté, l’action Tesla a gagné 14%, de l’autre, l’indice du secteur automobile européen du Stoxx 600 a perdu 0,38%, alors que tous les autres compartiments de l’indice étaient en hausse. Et de leur côté, Les constructeurs automobiles allemands étaient déjà en chute libre… Cela reflète l’une des multiples implications que pourrait avoir le retour du magnat de l’immobilier de 78 ans à la tête de la première économie mondiale sur le secteur automobile.
Les constructeurs européens dans le collimateur
-2,54% pour Mercedes, -2,91% pour Volkswagen, -4,16% pour BMW et jusqu’à -5,30% pour Porsche. C’est ainsi que les marchés financiers ont réagi à l’annonce de la victoire de Donald Trump. Pour quoi ? Tout simplement parce que le programme économique de Donald Trump prévoit de renforcer les droits de douane sur les importations. Ce qui pourrait déclencher une guerre commerciale mondiale. Et menacent directement les exportations de l’Union européenne.
Et vous l’aurez compris, les constructeurs allemands sont en première ligne, plus que nos constructeurs français, car même s’ils produisent tous localement, ils exportent et vendent aussi beaucoup aux Etats-Unis. De leur côté, pour Cupra et Alpine notamment, qui visaient les USA, la période ne semble plus très favorable et il va falloir revoir la stratégie. Ou abaisser les objectifs.
Cupra prépare un gros SUV électrique pour les États-Unis
Protectionnisme et tarifs douaniers
Pour donner la priorité à l’Amérique – le fameux «L’Amérique d’abord» –, Donald Trump peut brandir une arme efficace : les droits de douane. De la même manière que l’administration Biden a mis en place une taxe de 100 % sur les véhicules en provenance de Chine et que l’UE applique également une surtaxe aux véhicules électriques chinois, tous les véhicules en provenance d’Europe pourraient être davantage taxés dans un avenir proche. C’est en tout cas la crainte des constructeurs du Vieux Continent.
Si les marques allemandes premium – Audi, BMW et autres Mercedes – étaient déjà dans le collimateur de Trump lors du premier mandat, soulignant notamment le fait que produire sur place volait des parts de marché aux hébergeurs, la menace d’un droit de douane 10 fois plus élevé que les 2,5% déjà appliqués avaient été brandis. Sans succès.
Le Mexique toujours détesté par Trump
Depuis son dernier mandat, Donald Trump se montre toujours aussi virulent envers le Mexique voisin. Et au-delà du fameux mur construit à la frontière, l’industrie automobile fabrique aussi beaucoup au Mexique. Le 1er novembre, le nouveau président élu a menacé Stellantis de droits de douane à 100 % si le groupe décidait de délocaliser les emplois américains au Mexique. Cela a été particulièrement évoqué par le groupe automobile à propos de sa marque Chrysler.
Avec le retour de Trump, les constructeurs automobiles qui produisent au Mexique doivent s’organiser. Honda, par exemple, qui y produit 200 000 véhicules par an, dont 80 % pour le marché américain, réfléchit déjà à déplacer sa production en cas d’imposition de droits de douane supplémentaires.
De son côté, Toyota y produit ses camionnettes Tacoma dans deux usines, qui se sont vendues à 230 000 exemplaires l’an dernier rien qu’aux États-Unis. Mais la production pourrait également être transférée au Texas. L’objectif ultime de Trump, et cela pourrait fonctionner, est que les entreprises s’installent aux États-Unis. Mais à quel prix pour les constructeurs ?
Le véhicule électrique en voie de disparition ?
Donald Trump entend néanmoins donner un coup d’accélérateur à l’achat de véhicules dans son pays. Il a notamment évoqué la possibilité de faire en sorte que les intérêts sur les prêts automobiles soient déduits des impôts. De quoi relancer la consommation.
D’autre part pour la voiture électrique, l’avenir n’est pas si rose. On ne compte plus le nombre de déclarations négatives faites à son sujet par le candidat. Contrairement à Joe Biden, qui a mis en place un certain nombre de mesures pour la soutenir dans sa Loi sur la réduction de l’inflationDonald Trump entend lui mettre des bâtons dans les roues : «Je mettrai fin au mandat des véhicules électriques dès le premier jour et sauverai l’industrie automobile américaine de l’anéantissement.». On peut donc supposer qu’il détricotera les mesures de son prédécesseur en la matière. Sauf si…
Électrique, non. Tesla, oui !
L’aversion (et la démagogie) de Donald Trump s’est néanmoins heurtée à un obstacle durant la campagne : Elon Musk, le patron (entre autres) de Tesla. Un obstacle qui n’en est pas un puisque l’homme d’affaires est le plus grand soutien financier du nouveau président dans sa campagne. Mais cela a amené Trump à reconsidérer ses commentaires sur l’électricité. Au moins pour les adoucir.
Si on a déjà vu comment Tesla et Elon Musk gagnent avec ce nouveau président, une part boursière qui a grimpé, cela pourrait s’accentuer au cours du mandat. Surtout si l’administration simplifiait, par exemple, l’usage de la conduite autonome, ce qui favoriserait Tesla et son système FSD. Quelle est la pierre angulaire du nouveau modèle de la marque, le Robotaxi, sans volant ni pédales (photo ci-dessus). Quant à Elon Musk, compte tenu de son implication dans la campagne, il serait même envisagé de rejoindre le gouvernement Trump.