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L’automaticité de la citoyenneté de naissance, à laquelle Jordan Bardella dit vouloir mettre un terme, existe-t-elle vraiment ?

Pour acquérir la nationalité française à sa majorité, les enfants nés en France de parents étrangers doivent en effet remplir plusieurs conditions. Des démarches administratives peuvent également être nécessaires avant l’âge de 18 ans.

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Jordan Bardella présente son programme, lors d'une conférence de presse à Paris, le 24 juin 2024. (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS / AFP)

Il s’agit de l’une des mesures phares du programme du Rassemblement national pour les législatives. Jordan Bardella a confirmé lors d’une conférence de presse, lundi 24 juin, sa volonté de « abolir le droit du sol »qui permet d’acquérir la nationalité française, au même titre que le droit du sang, la naturalisation ou le mariage. « L’acquisition automatique de la nationalité française ne se justifie plus dans un monde de huit milliards d’habitants, et alors que les épreuves quotidiennes de notre incapacité à nous intégrer et à nous assimiler se multiplient sur notre sol. »a-t-il justifié auprès des journalistes. Mais l’obtention de la nationalité française dans le cadre du droit du sol est-elle vraiment automatique, comme l’affirme le candidat RN au poste de Premier ministre ?

En France, le droit du sol est régi par l’article 21-7 du Code civil et par le Code de la nationalité française. Elle permet aux enfants nés sur le territoire français de parents étrangers d’obtenir la nationalité française. Mais « la loi sur les sols n’est pas complète »explique toutefois à franceinfo Rabah Hached, avocat spécialisé en droit de la nationalité. « TuL’enfant né sur le territoire français de deux parents étrangers n’a pas la nationalité française à la naissance. » Selon l’avocat, il serait donc plus juste de parler d’un droit du sol « relatif ».

« L’automaticité n’existe pas », assure ce spécialiste, puisqu’un enfant né en France de parents étrangers doit remplir certaines conditions pour obtenir la nationalité à 18 ans. Ils sont détaillés dans le Code Civil : « TTout enfant né en France de parents étrangers acquiert la nationalité française à sa majorité si, à cette date, il a sa résidence en France et s’il a eu sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d’au moins cinq ans. , depuis l’âge de 11 ans ».

La nationalité peut également être obtenue selon la loi du sol avant d’atteindre l’âge de la majorité, mais cela nécessite des démarches administratives. « L’enfant peut obtenir le Nationalité Français avant d’avoir atteint la majorité à la demande de ses parents (entre 13 et 16 ans) ou sur demande personnelle (entre 16 et 18 ans), avec des conditions relatives à la durée de résidence en France.rappelle le site Vie publique.fr.

Reste une exception, qui permet d’obtenir la nationalité française dès la naissance : le « double droit du sol ». « Si un enfant est né en France de deux parents étrangers, mais que l’un d’eux est également né en France, il devient français à la naissance »explique Stéphane Maugendre, également avocat en droit des étrangers et de la nationalité.

De plus, « l’enfant né en France avant le 1er janvier 1994, d’un parent né dans un ancien territoire français d’outre-mer avant son accession à l’indépendance, est français de droit », précise le site Internet du ministère des Affaires étrangères. Qui ajoute ça« Il en est de même pour l’enfant né en France après le 1er janvier 1963, d’un parent né en Algérie avant le 3 juillet 1962 ». Mais « Aujourd’hui, ces cas ne sont plus vraiment d’actualité, ils concernent des personnes trop âgées »note Rabah Hached. Autre cas rare : si l’enfant est apatride et né en France, il bénéficiera de la nationalité française.

Dans toute la législation qui régit déjà le droit foncier, Mayotte fait exception. Depuis la loi asile et immigration de 2018, un enfant né de parents étrangers dans ce département d’outre-mer ne peut devenir français selon le droit local que s’il « au moins un de ses parents a résidé en France de manière régulière, sous le couvert d’un titre de séjour, et de manière ininterrompue pendant plus de trois mois ». « Le droit du sol a été restreint dans un département français, à Mayotte »Jordan Bardella a insisté lors d’un débat sur France 2 jeudi pour défendre son programme.

Gérald Darmanin a même envisagé de mettre fin à l’application du droit du sol dans l’archipel, pour lutter contre l’immigration en provenance des Comores. « Il ne sera plus possible de devenir Français si l’on n’est pas soi-même l’enfant de parents français »« C’est une question qui me préoccupe, mais je ne sais pas si c’est une question de temps », avait lancé le ministre de l’Intérieur le 11 février, lors d’un déplacement sur place. Cette disposition, qui faisait partie d’un projet de révision constitutionnelle, n’a pourtant jamais été examinée, votée ni mise en œuvre. Le texte devait être présenté en Conseil des ministres en juillet, avant d’être examiné au Parlement à la rentrée. Mais la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a mis un coup d’arrêt à ce projet.

Le droit foncier est régulièrement visé par les gouvernements ou les majorités de droite. La loi Pasqua du 22 juillet 1993 avait par exemple instauré l’obligation de démontrer le désir d’obtenir la nationalité française entre 16 et 21 ans. Si les bénéficiaires potentiels des droits fonciers « ne faisaient pas cette démarche, cela les empêchait de demander la nationalité française par la suite »explique Rabah Hached. «Certains se sont donc vu refuser la nationalité alors qu’ils remplissaient les autres critères.»

Cette mesure a été annulée par la loi Guigou en 1998, mais elle reste privilégiée par certains dirigeants de droite et d’extrême droite. En décembre, la majorité de droite au Sénat a réintroduit des restrictions sur le droit de naissance dans le projet de loi très controversé sur l’immigration du gouvernement d’Elisabeth Borne. Mais l’obligation de démontrer une volonté d’obtenir la nationalité française entre 16 et 18 ans, qui figurait dans le texte final adopté par le Parlement, a finalement été censurée en janvier par le Conseil constitutionnel, la considérant comme un « cavalier législatif » (un mesure sans rapport avec l’objet du projet de loi). Que se passerait-il si le RN remettait le sujet sur la table s’il arrivait au pouvoir ? Lors de sa conférence de presse lundi, Jordan Bardella a assuré que le « première étape législative » sur l’immigration comprendra les dispositions de la loi sur l’immigration censurées par les Sages.

Cammile Bussière

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