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« L’auteur doit connaître la fin de son roman avant de le commencer. »

L'écrivain américano-canadien John Irving chez lui à Toronto, au Canada, en 2022.

Pour des millions de lecteurs à travers le monde, le nom de John Irving sur la couverture d’un roman est une promesse. La promesse d’un livre d’une certaine ampleur, où l’épopée et le burlesque font bon ménage, où lutte gréco-romaine, pères disparus, enfances difficiles, droits des femmes et minorités de genre, ours, sexe et questions morales sont souvent évoqués. C’est le cas depuis 1978 Le monde selon Garp (Seuil, comme tous ses livres traduits en français, 1980) a fait de son auteur une star mondiale de la littérature, statut confirmé par des romans d’une étonnante puissance narrative comme L’œuvre de Dieu, la part du diable, Une prière pour Owen, Une veuve de papier Ou Je te retrouverai à nouveau (1986, 1989, 1999, 2006)

Né à Exeter, dans le New Hampshire, en 1942, ce conteur accompli vit aujourd’hui à Toronto, au Canada, le pays de sa femme, dont il a pris la nationalité. Il nous a accordé une interview en visioconférence depuis son bureau, une grande pièce en L, aux murs couverts de photographies, qu’il quitte si rarement qu’on aperçoit en arrière-plan le tapis de course et le vélo d’appartement sur lesquels ce grand athlète se maintient en forme tout en relisant.

Vous êtes né et avez grandi en Nouvelle-Angleterre, où se déroulent la plupart de vos romans. Pensez-vous que cette région a eu une influence sur l’écrivain que vous êtes devenu ?

La Nouvelle-Angleterre, qui fut la première région des États-Unis à être colonisée (par des pèlerins d’Angleterre au 17e siècleet siècle)est très différent du reste du pays. Cette antériorité fait courir le risque de prendre ces différences pour des facteurs de supériorité… Enfant et adolescente, je croyais que le fait de me sentir étrangère dans mon propre pays était lié au fait d’être née en Nouvelle-Angleterre. Lorsque je suis arrivée dans l’Iowa pour mes études (écriture créative, entre 1965 et 1967)J’en étais conforté dans cette idée : je me sentais encore plus étranger qu’à Vienne, où j’avais passé un an. Je ne parlais pas très bien l’allemand, mais je me sentais plus acclimaté en Autriche que dans le Midwest américain.

Mais ce sont aussi les romans qui vous éloignent du lieu où vous vivez, quel qu’il soit. Quand vous écrivez, vous êtes toujours plus présent dans ce que vous imaginez que dans la vie « réelle ». Je n’en ai pris conscience qu’après avoir écrit plusieurs romans. Et j’ai compris que mon sentiment d’étrangeté, s’il était lié au fait que je venais de la Nouvelle-Angleterre, tenait aussi au fait que j’avais toujours été séparé des lieux où je vivais par les romans que je lisais, puis par ceux que j’écrivais.

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Cammile Bussière

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