Le parquet a ouvert deux enquêtes, après l’attaque au couteau qui a fait un mort et un autre blessé mercredi soir à Bordeaux, a annoncé ce jeudi la procureure de la République, Frédérique Porterie.
La première, visant l’agresseur, abattu par les forces de l’ordre, est ouverte aux accusations de meurtre, tentative de meurtre, violences avec arme ayant donné lieu à une ITT de plus de dix jours sur un policier. La seconde d’homicide volontaire, « afin d’éclaircir les circonstances dans lesquelles le policier a été amené à faire usage de son arme de service afin de neutraliser l’agresseur. »
Il leur aurait reproché de boire alors que c’était l’Aïd.
Concernant les faits, il apparaît que deux individus âgés de 26 et 37 ans, « originaires d’un même village d’Algérie, sans abri pour l’un et hébergés par France Terre d’Asile pour l’autre, se trouvaient sur les pelouses à proximité du miroir d’eau et consommaient de l’alcool ». », mercredi soir. « Ils ont été insultés vers 19h30 par un individu qu’ils ne connaissaient pas pour des raisons liées à leur consommation d’alcool. »
L’accusé, décrit comme portant un qamis et un keffieh couvrant son visage et ne laissant voir que ses yeux, se serait approché de l’un d’eux, l’aurait attaqué, « avant de leur reprocher à tous deux, dans un français approximatif, de boire alors que c’était l’Aïd ». poursuit le procureur de la République.
« Les deux amis ont répondu que cela ne le regardait pas, c’est à ce moment-là que l’auteur les a frappés. » Les deux amis se sont alors levés et lui ont lancé des canettes de bière. L’agresseur serait revenu, aurait sorti un cran d’arrêt et les aurait poignardés à son tour. L’une des deux victimes est décédée des suites des blessures infligées.
Selon le magistrat, l’auteur des faits, d’origine afghane et âgé de 25 ans, aurait eu auparavant une première altercation avec d’autres individus, « pour des raisons similaires, car ils buvaient du rosé ce jour de l’Aïd. » Il y aurait eu des coups avant il sortit son couteau et partit en direction du miroir d’eau.
Les jours de la deuxième victime ne sont plus en danger
Après son agression, l’agresseur s’est ensuite éloigné en direction du pont de pierre, non loin de là. « Un équipage de trois policiers qui sortaient d’une mission de sécurité est intervenu dans les minutes qui ont suivi », décrit le procureur. L’équipage est descendu au bord de la Garonne par des escaliers, a demandé au suspect de déposer son arme. Il s’est ensuite dirigé vers eux, couteau à la main. Face à cette attitude menaçante, l’un des policiers a fait usage de son arme de type fusil d’assaut. » La mort de l’agresseur a été constatée à 20h10
Les autopsies des deux victimes ont été réalisées dans la nuit. Le premier présente neuf coups de couteau, « dont quatre pénétrant la paroi thoracique. » Concernant l’agresseur, « le décès est lié à de multiples blessures, provoquées par trois projectiles entrés dans la poitrine. » Le blessé a été transporté en urgence absolue au CHU Pellegrin. Il a reçu trois coups de couteau. Chirurgie d’urgence, ses jours ne sont plus en danger.
Le parquet antiterroriste reste « en position d’évaluation »
En l’état, aucun élément ne milite « en faveur d’un attentat à connotation terroriste » poursuit Frédérique Porterie. Le parquet de Bordeaux continue cependant d’être en contact avec le parquet national antiterroriste, « qui reste en position d’évaluation jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur les motivations exactes de l’agresseur. »
Concernant l’enquête confiée à l’IGPN sur les circonstances de la fusillade du policier, il apparaît à ce stade de l’enquête que celui-ci a fait usage de son arme « alors même que les sommations d’usage avaient été faites. » « L’attitude agressive et la posture de l’agresseur qui n’a pas accédé à la convocation, la connaissance par les policiers de la dangerosité de l’individu, permettent, en l’état, d’envisager la théorie de la légitime défense. »
