Laurent Gaudé, écrivain : « Le peuple de gauche est capable de s’unir »
Se lever n’est pas un programme. Nous sommes d’accord. Se lever ne résout pas les différences qui existent, et que tout le monde connaît. Il y a plusieurs gauches en France, cela ne fait aucun doute. Mais aujourd’hui, il n’y a qu’un seul danger : l’accès au pouvoir du Rassemblement national.
N’ajoutons pas de honte à la crise.
Le premier objectif est clair : bloquer le Rassemblement national. À tout prix. Déjouer ce qui est annoncé comme une fatalité. Mobiliser. Soyez le plus nombreux possible pour contenir la vague d’extrême droite.
Le deuxième objectif est de répondre à ce qui nous est imposé par le Président de la République, qui a fait du dynamitage sa signature. La dissolution est un nouvel épisode de cette manière de faire de la politique par explosion. Soyez perturbateur. À tout prix. Comme une valeur en soi. Surprise (y compris son propre côté). Imposer la crise permanente pour serrer les rangs et passer de peu. Sauf que la marge est de plus en plus petite. Et qu’avec le temps, quelque chose dans la vie politique se détériore.
Être perturbateur n’est pas la seule façon de faire les choses. Il existe une autre valeur en politique, plus noble, plus durable : la construction. C’est moins spectaculaire. Cela demande du temps, de la patience, des négociations – tout ce que la dissolution surprise rend impossible. Les cadres des partis de gauche pensaient avoir trois ans devant eux pour construire un programme commun, ils ont trois semaines. Cette urgence fait partie du logiciel présidentiel. Dépasser tout le monde, constamment, pour exister. Alors se lever c’est aussi dire » c’est assez ! « à ce bouleversement permanent qui n’a d’autre vertu, au fond, que de créer de la nervosité, de l’événement, mais aucun sens.
Et puis il y a un troisième objectif. Fermez la parenthèse de l’assourdissante disparition de la gauche qui a marqué le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Montrer que les gens de gauche sont capables de s’unir face aux vents contraires de l’Histoire, c’est affirmer que si nos différences existent (qui ne les voit pas ?), il y a aussi des points communs. La place centrale nécessaire de l’écologie dans toute politique future. La lutte pour la plus stricte égalité entre les hommes et les femmes. Souci du bien public, de la culture. Le désir d’une Europe sociale. Tout cela constitue notre socle commun. C’est en son nom que nous devons être unis.
La gauche devra alors transformer ce Front populaire défensif en élan politique. Ce sera le combat d’après. Pour l’instant, il faut tenir le coup. Élire le plus grand nombre possible de députés de gauche pour renvoyer le président à sa propre action : que les résultats du 7 juillet établissent le bloc de gauche comme la seule alternative à la montée de l’extrême droite. Depuis trop longtemps, nous votons avec une sorte de résignation, de mélancolie civique. Il est temps que le camp présidentiel se rallie derrière nous, au nom du pacte républicain. Il est temps de montrer que les gens de gauche sont porteurs d’une belle envie. Celle d’une République forte, protectrice, libre et ouverte.
Face à l’extrême droite, ne lâchez rien !
C’est étape par étape, argument contre argument, qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des fauteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, apportons une autre voix à ce débat public de plus en plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.