Laurent Eyraud-Chaume, comédien : « Front populaire, Front culturel »

Après les résultats des élections européennes et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, Humanité publie cette chronique du comédien Laurent Eyraud-Chaume.

Publié le 25 juin 2024
Mis à jour le 25 juin 2024 à 13h29

L’urgence d’une victoire du Nouveau Front Populaire est nécessaire pour faire barrage à l’extrême droite, mais aussi pour stopper au plus vite les ambitions culturelles d’une Macronie qui œuvre vers une société segmentée et séparée et dont le RN n’est souvent qu’un version radicalisée. La logique de la libre concurrence transforme nos liens sociaux en marchandises et mène une guerre contre l’intelligence et le sensible.

Nos sociétés, comme le vivant, subissent une logique d’effondrement. La stratégie meurtrière du dépassement du RN par la droite a banalisé leurs propos et leurs remèdes et accompagné une sordide montée des peurs et du racisme. Si nous portons chacun à notre manière la responsabilité du désastre actuel, les forces de l’argent, leurs médias et les différents courants de droite sont les principaux coupables de cette course vers le gouffre anthropologique.

La grande majorité des artistes sont mobilisés. Ils ne vivent que de la communauté et du partage, de la possibilité d’un dialogue entre joie et savoir, entre identité et émancipation. Les combats menés, du conflit de 2003 à la mobilisation contre l’austérité, en passant par la défense de l’exception culturelle et les occupations théâtrales, sont des engagements pour l’art comme espace utopique d’un monde habitable, du côté du vivant dans la pluralité de ses souffles.

Demain, après avoir stoppé la vague brune, il faudra construire un nouveau service culturel commun, qui garantisse la liberté d’expression et de création, qui fasse sortir les commerçants du temple du savoir universitaire et des médias, une refondation qui invente de nouveaux lieux de parole, de sensibilité. et la joie de la création s’exprime. En reliant ces nouveaux lieux, nous pourrons commencer à réparer les fils rompus d’une histoire commune et multiple, une histoire enfin racontée dans sa complexité, une histoire du monde entier, berceau d’un futur possible.