Laurent Chardard, Ugo Didier et Alex Portal, les « trois fantastiques » qui portent haut le drapeau de la para-natation masculine française

Bien que les trois paranageurs, tous ingénieurs de formation, aient des liens forts, leurs méthodes d’entraînement sont très différentes.

« Ce sera une belle soirée avec de belles finales, vous verrez. » La promesse d’Ugo Didier après sa série matinale sur 100 m dos (catégorie S9), mardi 3 septembre, a été tenue. En finale, il a décroché l’argent, tandis qu’Alex Portal et Laurent Chardard prenaient le bronze, portant ainsi un record provisoirement établi à dix médailles pour les para-nageurs français. Des performances alimentées par un public surexcité. Et la razzia des « trois fantastiques », surnom qu’on retrouve en zone médiatique, a bel et bien eu lieu, nourrie de profondes amitiés.

« Ugo et Alex ont des liens très forts, ils ont toujours partagé une chambre depuis qu’ils ont rejoint l’équipe de France, ça marche bien et il y a forcément une émulation entre eux »tente de décrypter Guillaume Domingo, le manager de la performance de la para-natation française. Cet été au village des athlètes, les deux jeunes de 22 ans n’ont pas changé leurs bonnes habitudes.

Tantôt taquins, tantôt solidaires lorsque les courses ne se déroulent pas comme ils le souhaiteraient, comme sur le 100 m papillon de Portal à Tokyo – qui termine à un souffle du podium (4e) –, les deux amis progressent ensemble et se construisent un joli palmarès. Sans l’épouvantail biélorusse Ihar Boki – quintuple médaillé d’or à Paris dans la catégorie S13 –, nul doute qu’Alex aurait déjà remporté des titres paralympiques, ce qu’Ugo a réussi à faire dès son premier jour de compétition.

« Ce sont des jeunes qui travaillent dur, qui s’entraînent sans se plaindre et qui ont l’amour du sport, qui veulent briller devant leurs fans et laisser une trace. »

David Smétanine, nageur de l’équipe de France qui participe à ses 6èmes Jeux Paralympiques

à franceinfo : sport

« J’ai fait ma première course avec eux à Amiens en 2013se souvient David Smétanine, le doyen de l’équipe de France à 49 ans. Ils étaient en finale du 50 et 100 m nage libre multi-catégories aux championnats de France. Ugo et Alex étaient très jeunes et avaient déjà réalisé un bon chrono. Les voir « monter en gamme » aujourd’hui et toute cette effervescence autour d’eux, c’est génial. »

De son côté, Laurent Chardard n’est pas en reste. Souriant jusqu’aux oreilles après avoir décroché sa première médaille paralympique devant sa famille réunionnaise, il a mesuré tout le chemin parcouru depuis Tokyo et sa découverte des Jeux. Surtout, il a révélé après sa course la raison de sa motivation supplémentaire : « Ugo est arrivé deuxième juste avant moi, ça m’a donné envie ! (Il jette un œil au podium d’Ugo Didier juste devant lui) C’est énorme ce qu’il a fait : de l’argent après avoir fait de l’or, c’est génial. »

Guidé par une mentalité résolument positive, traduite par son « shaka » – un geste de la main consistant à lever le pouce et l’auriculaire pour indiquer qu’il faut « profite de la vie » –, le nageur de 29 ans préfère rester en retrait pour laisser les autres s’exprimer. Un caractère plus réservé qui contraste avec la fougue juvénile de son colocataire à Paris, un certain… Kylian Portal, le frère d’Alex.

Au-delà de leurs personnalités, ce sont leurs profils d’ingénieurs qui les placent logiquement dans la même case. Génie civil pour Ugo Didier, mécanique pour Laurent Chardard, chimie pour Alex Portal… « En termes d’études, c’est assez similaire, oui. Mais en termes de tempérament et de fonctionnement, c’est un peu plus différent. »tempère Guillaume Domingo. « Ils ne s’entraînent pas de la même manière. Chacun est un peu dans son coin mais quand ils se retrouvent, ils font la fête ensemble et se félicitent, comme toute l’équipe de France. »

Les premiers mots d’Alex Portal après sa quatrième médaille à Paris vont dans ce sens : « J’ai pu assister à la course d’Ugo depuis les tribunes, celle de Laurent depuis la zone d’échauffement… C’est tellement génial de voir mes amis nager et faire des performances incroyables. Ils le méritent, ça donne envie à tout le monde de se dépasser. Maintenant que j’ai fini ma compétition, je vais être derrière eux jusqu’au bout, je peux me donner à fond sans avoir peur de perdre mon énergie, c’est génial ! »