Laurent Berger estime qu’ignorer les manifestations « serait une faute » du gouvernement

Le secrétaire général de la CFDT appelle l’exécutif et le Parlement à ne pas négliger l’ampleur de la contestation contre la réforme des retraites alors qu’une deuxième grande journée de mobilisation se profile mardi.
Négliger les « grandes mobilisations » contre la réforme des retraites « serait une faute » pour le gouvernement comme pour le Parlement, prévient samedi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dans un entretien au Monde.
« La population est très défavorable au projet, et cette opinion tend à monter en puissance », affirme le leader du premier syndicat français, à trois jours d’une nouvelle journée de manifestations partout en France contre la réforme des retraites et le report de l’âge légal à 64 ans.
« Encore une ou deux démonstrations de force »
Après les « mobilisations d’envergure » du 19 janvier (1,12 million de participants selon la police, plus de 2 millions selon les organisateurs), avec notamment « de grands cortèges dans des villes moyennes », le patron de la CFDT souligne que « l’opinion constitue un élément du rapport de force ».
« Le gouvernement doit l’écouter, le Parlement doit se préoccuper de ce qui se passe partout », ajoute-t-il, alors que le projet de loi sera examiné à l’Assemblée à partir de lundi.
Ne pas tenir compte de ce contexte « serait une faute », prévient Laurent Berger, inquiet des conséquences « si le texte passait tel quel, sans aucune inflexion », au risque de générer « du ressentiment » et de favoriser l’extrême droite. « Nous n’avons pas besoin d’un chaos démocratique », insiste-t-il.
Soucieux de « garder l’opinion publique » de son côté, il ne soutient pas la stratégie de blocage prônée par d’autres organisations, jugeant que « le niveau d’efficacité syndicale ne se mesure pas au niveau de tracas concrets pour les citoyens ». Pas favorable non plus à une multiplication des journées d’action, car « beaucoup de travailleurs ne peuvent pas suivre un rythme aussi intense, il estime qu' »il faut encore une ou deux démonstrations de force » pour que l’exécutif « prenne conscience du puissant rejet que son texte suscite ».