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« L’augmentation du salaire minimum n’est pas efficace pour lutter contre la pauvreté des personnes ayant un emploi »

« L’augmentation du salaire minimum n’est pas efficace pour lutter contre la pauvreté des personnes ayant un emploi »

Le Nouveau Front populaire (NFP) envisage de relever le salaire minimum mensuel net à 1.600 euros, contre près de 1.400 euros actuellement. Cela correspond à une augmentation d’environ 12% par rapport à l’inflation, inflation qui se répercutera de toute façon sur la valeur du salaire minimum à partir de cet automne en raison des règles d’indexation automatique inscrites dans le code du travail. Il s’agirait donc d’un « coup de pouce » dont l’ampleur serait sans équivalent depuis la création du salaire minimum en 1970. Les conséquences d’une telle décision seraient considérables, et ne doivent pas être écartées d’emblée.

Le salaire minimum n’a pas nécessairement d’effets négatifs sur l’emploi. Il a été établi par de nombreuses études que, si son niveau est bas, son augmentation peut même favoriser les embauches. Mais ce résultat s’inverse si le niveau de départ du salaire minimum est élevé. Les effets d’une augmentation du salaire minimum deviennent alors préjudiciables à l’emploi des salariés les moins qualifiés et les plus vulnérables, car les postes qu’ils occupent ont un coût qui dépasse la valeur de ce qu’ils produisent.

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La France est sans doute dans cette situation. La relance proposée porterait le salaire minimum à plus de 70 % du salaire médian, un niveau jamais atteint en Europe. Une analyse numérique rigoureuse publiée dans le rapport 2022 du groupe d’experts sur le salaire minimum concluait qu’une augmentation de 1 % du coût du travail au niveau du salaire minimum entraînerait la destruction d’environ 30 000 emplois.

Frustration et ressentiment

Par ailleurs, la hausse du Smic entraînerait une hausse des exonérations de cotisations sociales ciblées sur les bas salaires, que le budget de l’État devra compenser. Le coût pour les finances publiques s’en trouverait ainsi amplifié, sans compter que certains barèmes liés à la nouvelle valeur du Smic, comme ceux de la prime d’activité et de l’impôt sur le revenu, devront également être modifiés si l’on veut que la hausse du Smic corresponde à une réelle augmentation du pouvoir d’achat des salariés. Enfin, le coup de pouce bénéficierait aussi aux agents de la fonction publique les moins bien payés, ce qui alourdirait la masse salariale de l’État.

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L’ampleur globale de ces effets est difficile à prévoir car elle dépend de nombreux paramètres et hypothèses de calcul. Dans une étude récente, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui suppose également un impact positif sur la consommation d’une ampleur très incertaine, estime qu’une augmentation du salaire minimum à 1 600 euros détruirait au moins 29 000 emplois et entraînerait une dégradation des finances publiques d’environ 8 milliards (soit 0,3 point de PIB) par an.

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