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L’augmentation de la taxe sur les billets d’avion se heurte (déjà) à plusieurs résistances

Aéroport Roissy-Charles de Gaulle photographié en juillet (photo d'illustration).
STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP Aéroport Roissy-Charles de Gaulle photographié en juillet (photo d’illustration).

STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

Aéroport Roissy-Charles de Gaulle photographié en juillet (photo d’illustration).

POLITIQUE – Si la mesure ne figure pas dans le projet de loi de finances présenté jeudi 10 octobre, l’intention d’augmenter par amendement la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TBSA) a été confirmée par l’exécutif. Que ce soit à Bercy, où l’on espère que cette mesure permettra de récolter un milliard d’euros supplémentaire, ou au ministère de la Transition écologique, qui affiche l’ambition de « écologiser notre fiscalité « .

Pourtant, dès l’annonce de cette volonté, elle a provoqué un tollé. Tout d’abord dans le secteur aérien. « Si ce projet de taxation était mis en œuvre, il aurait un impact significatif sur la compétitivité de nos compagnies, Air France, KLM et Transavia »a prévenu le directeur général de l’entreprise franco-néerlandaise, Benjamin Smith, dans un communiqué transmis à l’AFP. Le même parle d’un « choc » pour le secteur et affirme que « La France est en passe de devenir le pays de l’Union européenne qui taxe le plus le transport aérien « .

Le lobby aérien, mais pas seulement

« Face à des concurrents bénéficiant d’un environnement fiscal et réglementaire plus avantageux, les entreprises françaises continuent de perdre du terrain. Les distorsions de concurrence n’ont jamais été aussi fortes en France. Ce n’est plus acceptable. » Benjamin Smith l’a une nouvelle fois dénoncé, alors que le lobby des compagnies aériennes s’est insurgé depuis la première évocation de la mesure début octobre. Une croisade à laquelle participent des entreprises servant outre-mer, qui jouent sur un autre argument : la continuité territoriale de la République.  » Ces vols, essentiels pour les outre-mer souvent privés d’alternatives de transport, subiraient une forte augmentation du prix des billets, aggravant encore la fracture territoriale entre les habitants des territoires d’outre-mer et de la métropole.déplore par exemple Air Caraïbes.

Comme le souligne Outre-Mer La 1ère, la conséquence pourrait en effet être immédiate pour les voyageurs étrangers : « Sur un trajet Pointe-à-Pitre/Paris, la taxe pourrait atteindre 60 euros au lieu de 7,50 euros aujourd’hui, soit une augmentation de plus de 50 euros en classe économique. En classe affaires, la taxe pourrait atteindre 200 euros « . Cela est déploré par les pouvoirs publics locaux depuis plusieurs jours. Dans un communiqué diffusé le 3 octobre, la région Réunion appelle le gouvernement à exempter les territoires d’outre-mer de ce dispositif.

 » Alors que le principe de continuité territoriale continue d’être proclamé, l’imposition de l’augmentation de cette taxe sur les lignes outre-mer/métropole affecte directement les conditions de circulation des outre-mer sur le territoire de la République. alors qu’il n’existe pas d’autre moyen de déplacement que l’avion entre ces territoires et le continent », dénonce l’exécutif réunionnais. En marge des discussions sur le budget, la question a également été abordée à l’Assemblée nationale par le député de la 2e circonscription de Guadeloupe, Christian Baptiste.

« Logique comptable déshumanisée »

Ce vendredi 11 octobre, lors de l’audition du ministre chargé des comptes publics Laurent Saint-Martin, l’élu socialiste a déploré la « sacrifice de millions de concitoyens d’outre-mer au profit d’une logique comptable déshumanisée ». Alors que la Martinique est en proie à de fortes tensions sur fond de protestations contre la vie chère, cette mesure a effectivement de quoi faire sourciller. Contacté par HuffPost Pour connaître sa position au sujet de la demande de dérogation formulée par des élus d’outre-mer, le cabinet du ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, n’a pas donné suite.

Reste que chez les principaux concernés, l’amertume est réelle.  » De nombreuses personnes s’endettent et contractent des emprunts pour payer un billet d’avion. Les Antilles sont considérées uniquement comme une destination touristique. Nous ne pensons pas à la continuité territoriale », regrette de Ouest de la France Ignace Dumesnil, secrétaire de l’association Ultramarins Doubout (« debout », en créole) né d’un précédent en 2023. « Tout cela a des conséquences : rupture des liens familiaux, grands-parents qui ne voient plus leurs petits-enfants, propriétaires qui ne peuvent plus s’y rendre, etc. », ajoute-t-il. La précédente mobilisation avait fait l’objet d’une pétition en ligne pour dire « Stopper l’augmentation du prix des billets d’avion Celui-ci avait recueilli 37 000 signatures. Un mouvement qui pourrait bien reprendre lorsque le gouvernement mettra son amendement en discussion lors de l’examen du projet de loi de finances.

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Ray Richard

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