l’attente insupportable après la remise du rapport d’analyse des os et des vêtements du petit garçon

Le professeur Christian Doutremepuich, chargé de procéder à des analyses ADN sur les os et les vêtements d’Emile, a remis son rapport à la brigade criminelle d’Aix-en-Provence.

Son rapport était attendu depuis le mois de juin. C’est à cette date que le laboratoire privé du professeur Christian Doutremepuich a été appelé à procéder à de nouvelles investigations scientifiques sur les ossements et les vêtements du petit Émile, retrouvé mort en mars dernier.

L’homme, chef du laboratoire d’hématologie médico-légale (LHML) de Bordeaux, a officiellement déposé ses conclusions auprès des juges d’instruction du pôle criminel d’Aix-en-Provence, a appris BFM DICI lundi 23 septembre.

« Les conclusions du professeur peuvent tout changer »

Selon nos informations, le biologiste s’est déplacé en personne dans les Bouches-du-Rhône pour remettre ce rapport aux magistrats. L’entourage du professeur s’est dit « très satisfait du travail effectué ces dernières semaines ».

Mais aujourd’hui, qu’est-ce que cela peut changer ? « Tout. Les conclusions du professeur et de ses équipes peuvent tout changer dans cette affaire », confirme une source qui a eu accès à tous les rapports d’expertise.

Le professeur à l’origine de cette nouvelle recherche ne souhaite faire aucun commentaire sur ses travaux. Tout comme le parquet d’Aix-en-Provence, qui refuse pour l’instant toute communication, au grand dam des parties civiles.

« Je n’ose même pas imaginer que ce rapport soit déposé et que la famille ne soit pas prévenue. Je n’ose même pas l’imaginer car cela fait des mois que nous attendons ce rapport et je l’ai régulièrement demandé par écrit aux magistrats », a déclaré lundi matin Isabelle Colombani, avocate des grands-parents du petit garçon.

De nouvelles enquêtes menées cet été

L’entourage de Christian Doutremepuich met en garde contre toute interprétation hâtive. « Nous ne pouvons pas, sur la base d’analyses génétiques, affirmer que la mort d’Émile résulte d’un acte criminel. Cela relève de l’enquête et de l’instruction », explique une source connaissant le contenu du dossier.

Et il poursuit : « Le professeur Doutremepuich n’est pas compétent pour dire comment sont apparues les taches ou les traces. L’exploitation de ces résultats et les conclusions à en tirer ne sont pas de son ressort. »

Depuis juin, Christian Doutremepuich et ses équipes travaillent sans relâche pour tenter d’élucider le mystère entourant la disparition puis la mort d’Émile dans la commune du Vernet, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.

Tout cela sans rien lire, regarder ou écouter dans les médias sur l’affaire, « pour être impartial et sans pression », confie un proche du professeur. Début septembre, les travaux du laboratoire privé sur l’analyse des vêtements et des os de l’enfant étaient déjà terminés.

Le professeur Doutremepuich a ensuite pris soin de synthétiser ses résultats avant de les soumettre au tribunal d’Aix-en-Provence. La plupart des révélations contenues dans ce rapport ne sont pas nouvelles pour les magistrats.

Depuis juin, presque chaque semaine, en fonction de l’avancement des analyses, les scientifiques du LHML ont fourni aux juges d’instruction des rapports d’étape précis. Durant l’été, les magistrats ont demandé de nouvelles investigations, comme des prélèvements d’ADN sur plusieurs personnes, sur la base des premiers résultats du professeur.

Les enquêteurs toujours présents au Vernet

Le rapport final s’avère désormais déterminant pour que les juges d’instruction d’Aix-en-Provence puissent à nouveau orienter les investigations dans une direction précise.

Chaque jour, une dizaine de gendarmes de la Section de recherches de Marseille (SR), appuyés par des gendarmes locaux, poursuivent l’enquête au sein d’une unité spéciale. Baptisée « unité Emile », cette dernière est implantée dans les locaux du groupement de gendarmerie de Digne-les-Bains.

A quoi faut-il s’attendre désormais ? « Les enquêteurs vont prendre ce rapport et les autres rapports qui pourraient être concernés, les étudier, les éplucher et voir s’il y a des choses intéressantes qui leur permettront d’avancer ou si elles nécessitent une relecture par d’autres expertises complémentaires, ce qui a déjà été fait dans les premières phases d’expertise », contextualise une source proche de l’enquête à BFM DICI.

« Nous avons affaire à des choses très fines et les enquêteurs doivent aller au bout des interprétations médico-légales avant d’envisager quoi que ce soit », conclut-elle.

De l’aveu de nombreuses personnes qui tentent de résoudre cette énigme, l’affaire Émile est assez singulière car rien ne semble sauter aux yeux des enquêteurs dans cette affaire. Tous les éléments incitent à la prudence et la « cellule Émile » avance petit à petit. Un travail de fourmi qui demande effort, moyens et présence. Ces derniers jours, plusieurs enquêteurs se sont rendus un matin au Vernet pour procéder à diverses vérifications.

Bien qu’il ne réponde pas précisément aux questions concernant la disparition et la mort d’Émile, le rapport du professeur Christian Doutremepuich permet désormais à ces enquêteurs de fermer de nouvelles portes. Et d’attaquer d’ultimes investigations qui leur permettront de percer ce mystère non résolu depuis le 8 juillet 2023.