L’assurance chômage reste excédentaire malgré les prélèvements de l’Etat – Libération
C’est un lourd héritage des années Borne et Attal que le gouvernement Barnier n’entend pas remettre en cause : entre 2023 et 2026, l’État a prévu de prélever au total 12 milliards d’euros sur les recettes de l’État. L’Unédic, l’organisme paritaire qui gère l’assurance chômage, pour financer ses réformes du marché du travail, et notamment celle du RSA, qui débouchera sur l’inscription de ses allocataires à France Travail (ex-Pôle emploi).
En 2024, cela amènera les comptes du régime à flirter avec le négatif, puisque l’Unédic ne devrait enregistrer, à la fin de cette année, qu’un excédent de 300 millions d’euros, révisé à la baisse par rapport aux prévisions précédentes. publié en juin (+900 millions d’euros). La faute, c’est une fuite de 2,6 milliards d’euros, qui oblige aussi l’Unédic à réemprunter sur les marchés pour poursuivre son désendettement. Ainsi, sans cette opération décidée par le gouvernement, ses comptes auraient été dans le vert de 3,1 milliards d’euros.
Malgré une situation économique dégradée (l’Unédic table sur une croissance de 1% en 2025 et de 1,3% en 2026) et une stagnation du marché du travail (à peine 31 000 emplois nets attendus en 2025), les comptes devraient encore être excédentaires en 2025 (de 1,8 milliard d’euros). ) et en 2026 (3,5 milliards). Et ce, malgré deux nouveaux prélèvements de respectivement 4,4 et 4,1 milliards d’euros. Il faut dire que dans le même temps, les réformes de l’assurance chômage adoptées en 2021 et 2023 (réduction de l’indemnité, réduction de la durée d’indemnisation, abandon d’emploi assimilé à une démission, etc.) devraient générer, au total, 27 milliards d’euros en économies d’ici 2026 – « sur le dos des chômeurs », préciser les syndicats.
44,3 milliards d’euros de dette attendus en 2027
Pourtant, la situation agace les dirigeants de l’organisation, qui n’hésitent pas à le faire savoir. Lors d’une conférence de presse ce mardi 22 octobre, le président de l’Unédic, Jean-Eudes Tesson, a souligné que la dette avait été considérablement aggravée ces dernières années par des décisions politiques (notamment 18 milliards d’euros engagés en urgence pendant la crise sanitaire), mais sans l’État «prend une compensation financière» à ces décisions. Et de citer l’exemple des frontaliers, notamment ceux qui perdent leur emploi après avoir travaillé en Suisse et au Luxembourg, qui sont indemnisés sur la base de leur rémunération à l’étranger et engendrent un surcoût annuel de 800 millions d’euros pour l’alimentation. L’Unédic n’a cependant pas de réelle maîtrise sur ce problème, lié aux accords passés par la France avec ses voisins, et qu’il appartiendrait au gouvernement de renégocier.
Dans ces conditions, la dette de l’assurance chômage atteindrait 44,3 milliards d’euros en 2027 (contre 59 milliards actuellement), alors que« ça aurait été 31,3 milliards sans les prélèvements de l’Etat », indique l’Unédic. Mais ces données sont susceptibles d’évoluer dans les mois à venir, car l’organisation n’a intégré aucun des effets attendus du budget 2025, notamment le ralentissement de l’activité sur lequel l’Observatoire français des conjonctures économiques a alerté, car le texte est actuellement en cours d’examen au Parlement. Il ne peut pas non plus anticiper les effets de l’inscription massive des allocataires du RSA à France Travail, prévue pour janvier 2025.