L’association Anticor porte plainte contre l’aéroport de Beauvais
Par
Yaëlle Boutalha
Publié le
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L’Association Anti-Corruption Anticor vient de déposer une plainte visant la direction de laAéroport de Beauvais-Tillé dans l’Oise. Cette action en justice s’appuie sur plusieurs rapports de la Chambre régionale des comptes (CRC) qui ont mis en évidence des irrégularités dans la gestion et l’exploitation de cette infrastructure aéroportuaire.
Une histoire complexe
Initialement propriété de l’État, l’aéroport a été cédé en 2008 au Syndicat Mixte de l’Aéroport de Beauvais-Tillé (Système de transmission à transmission par satellite (SMABT)), regroupant la région Picardie, le département de l’Oise et l’agglomération de Beauvais. La même année, l’exploitation est confiée à la Société de Gestion et d’Exploitation de l’Aéroport de Beauvais (SAGEB), une entité créée par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de l’Oise et Veolia Transports.
Maître Julien Kahn, avocat représentant Anticor, souligne que bien que l’aéroport de Beauvais soit un enjeu local, les implications de cette affaire sont :portée nationaleLa plainte est basée sur une série de rapports publiés par la Cour des comptes régionale, sept entre 2017 et 2023, qui révèlent comportement conflictuel persistant parmi les acteurs impliqués dans la gestion de l’aéroport.
Modifications contractuelles contestées
La CRC pointe du doigt plusieurs avenants signés entre 2010 et 2015, qui auraient profondément modifié l’équilibre du contrat initial de délégation de service public. Selon le rapport, ces changements auraient dû faire l’objet d’un nouvel appel à la concurrence.
L’un des points centraux de la plainte concerne un contrat signé en 2008 qui limitait l’activité de l’aéroport à 21 000 mouvements par an. Cette restriction a été modifiée sans procéder à un nouvel appel à la concurrence, ce qui constitue une enfreindre règles en vigueur.
Lors de la négociation du contrat de possession de l’aéroport de Beauvais en 2008, un appel d’offres avait été lancé. Mais cette obligation de 21 000 mouvements par an a été modifiée peu après, en 2012, sans nouvel appel d’offres.
Selon la plainte fournie par M. Kahn à Actualités de l’Oisela Cour des comptes régionale a souligné que cette absence de nouvelle concurrence pourrait être qualifiée de délit de favoritisme.
Pratiques financières « douteuses »
Toujours selon la plainte, la CRC a noté que SAGEB avait accepté Ryanair et d’autres compagnies bénéficient de réductions sur les taxes aéroportuaires, ainsi que de remboursements de la « taxe de sécurité » ou « taxe de sûreté ».
Ces avantages soulèvent des questions sur l’équité des pratiques commerciales et sur la transparence de la gestion des aéroports.
Des exonérations fiscales ont été accordées à Ryanair, qui normalement, en tant que compagnie aérienne, doit payer une centaine de taxes.
Une plainte déposée par Anticor
Face à ces révélations, Anticor a décidé de porter plainte. L’organisme, fondé en 2002 par Éric Halphen et Séverine Tessier, estime que ces faits pourraient constituer infractions pénalesy compris le délit de favoritisme.
Contacté par nos soins, le Syndicat de l’aéroport n’a pas souhaité commenter la plainte.
Nous n’avons pas de commentaires particuliers à formuler sur ces sujets qui remontent à une dizaine d’années.
Cette affaire soulève des questions sur la gestion des infrastructures aéroportuaires en France et la nécessité d’une plus grande transparence dans la passation et le suivi des contrats de délégation de service public.
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