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l’Assemblée adopte un amendement qui limite les poursuites pour attaques contre des espèces protégées

l’Assemblée adopte un amendement qui limite les poursuites pour attaques contre des espèces protégées
Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, à l'Elysée, à Paris, le 21 mai 2024.

Alors que l’examen du projet de loi agricole, qui s’est achevé samedi 25 mai après sept jours de débat à l’Assemblée nationale, touchait à sa fin, un nouvel article a animé l’Hémicycle vendredi. A une courte majorité de 39 voix contre 35, les députés ont adopté un amendement réécrivant l’article 13, qui modifie les sanctions en cas de dommages aux espèces et habitats naturels protégés. Une réécriture dénoncée par les groupes d’opposition de gauche comme une régression environnementale  » brutal « .

Lire l’analyse | Article réservé à nos abonnés Loi agricole : une arrivée tendue à l’Assemblée nationale

Dans son intention initiale, cet article visait à adapter le régime des sanctions pour reconnaître  » la sincérité «  agriculteurs lors de certaines violations qu’ils pourraient être amenés à commettre. Un exemple avancé par le gouvernement est celui des personnes qui abattent des arbres touchés par les scolytes, en application des règles sanitaires, mais qui abritent également des nids d’espèces protégées et risquent aujourd’hui de se voir poursuivies pour cela – même si les poursuites de ce type sont rares, et les sanctions encore plus.

L’amendement de réécriture, proposé par le gouvernement et adopté vendredi, prévoit que seuls les dommages environnementaux « intentionnel » doit être puni pénalement. Toutes les violations commises dans le cadre d’obligations légales ou réglementaires, ou lorsque l’acte en question dispose d’une autorisation administrative ou d’un document de gestion forestière, seraient par défaut considérées comme non intentionnelles. Un cadre jugé bien trop permissif par les rangs de la gauche, qui dénoncent un renversement de la charge de la preuve.

« C’est la première fois qu’on voit cela en droit, le fait de considérer d’abord la non-intentionnalité d’une personne qui commet une infractiona dénoncé Manon Meunier (La France insoumise, LFI, Haute-Vienne). La base est de considérer que tout le monde connaît la loi. Et puis, c’est au juge de déterminer si un crime est intentionnel ou non. Ce que vous proposez est sérieux. Cela signifie que pour pouvoir saisir la justice, il faudra d’abord prouver l’intentionnalité d’une atteinte environnementale. »

« La charge de la preuve change de camp »

L’avocat spécialisé en droit de l’environnement Arnaud Gossé confirme qu’avec cette disposition « la charge de la preuve change, ce qui crée un précédent juridique. »

Pour tous les cas non intentionnels, la réponse administrative prévue dans le texte consisterait en un stage de sensibilisation aux enjeux environnementaux. Et pour les violations passibles de poursuites pénales, une transaction financière permettrait de mettre fin à l’action publique, que les élus du camp LFI ont dénoncé comme favorisant « les pollueurs les plus riches ».

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