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L’asile en France est-il vraiment devenu plus facile pour les femmes afghanes ?

La décision a fait grand bruit. Le 11 juillet, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) avait pour la première fois accordé le statut de réfugié à une femme afghane, déboutée par l’Ofpra, en raison de son sexe. La CNDA s’appuyait sur un arrêt du 16 janvier de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui avait ouvert la voie en reconnaissant que les femmes pouvaient prétendre au statut de réfugié si elles étaient « Dans leur pays d’origine, elles sont exposées, en raison de leur sexe, à des violences physiques ou mentales, y compris sexuelles et domestiques. » Une situation qui correspond tout à fait au cas de l’Afghanistan, a jugé la CNDA, estimant que les femmes et les filles afghanes « sont, dans l’ensemble, perçus différemment par la société afghane et devraient être considérés comme un groupe social éligible à la protection en tant que réfugiés. »

Près de deux mois plus tard, cette décision sans précédent a-t-elle réellement amélioré la situation des femmes afghanes au regard du droit d’asile ? « « C’est une décision de façade qui ne change pas grand-chose », déclare Chela Noori, présidente de l’association Femmes Afghanes de France. « Avant que les talibans ne prennent le pouvoir, elle explique, Presque aucune femme n’a quitté l’Afghanistan seule. Certes, quelques-unes arrivent sur le sol français de manière irrégulière, mais elles ne sont pas nombreuses. Et l’Ofpra leur accorde déjà presque systématiquement une protection, sauf celles qui sont dublinées. (c’est-à-dire qui sont soumis à un autre pays de l’Union européenne pour leur demande d’asile dans le cadre du règlement Dublin, NDLR) « .

Selon le rapport d’activité de l’Ofpra, en 2023, 17 550 Afghans ont déposé une demande d’asile, dont 20,8 % de femmes, soit 3 650 femmes afghanes. Alors que le taux de protection pour l’ensemble des Afghans est de 69,3 %, soit plus de deux fois le taux moyen toutes nationalités confondues, pour les femmes, il est déjà proche de 100 %. Car, explique-t-on à l’Ofpra, « Depuis que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan, (Nous avons) L’Ofpra a tiré toutes les conséquences de la gravité et du caractère systématique des violations de leurs droits fondamentaux subies par les femmes afghanes en les reconnaissant, sur cette base, comme réfugiées. Ainsi, sur la période couvrant l’année 2023 et les sept premiers mois de l’année 2024, le taux de protection de l’Ofpra pour les demandes d’asile déposées par les femmes afghanes a été supérieur à 96%.

Une pétition pour faciliter les visas

« Le problème n’est pas pour les femmes qui arrivent sur le sol français, car la plupart d’entre elles ont déjà obtenu l’asile, mais pour celles qui ne peuvent pas l’obtenir », a-t-il ajouté. poursuit Chela Noori. Selon une note de l’Institut français des relations internationales (Ifri) publiée en 2023, près de 3,5 millions d’Afghans se trouvent en Iran et 3 millions au Pakistan. Mais, poursuit-elle, « Très peu, je dirais à peine 10 %, obtiennent un visa leur permettant de venir demander l’asile en France. »

« Les visas d’entrée en France en provenance d’Iran et du Pakistan sont délivrés avec parcimonie et les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous dans les consulats sont de plus en plus longs », confirme l’association Amnesty International. L’enjeu principal pour les femmes afghanes en quête de protection est donc de pouvoir se rendre en France par des moyens légaux et sûrs.

Amnesty International a lancé une pétition pour exiger « La France va faciliter la délivrance de visas aux femmes afghanes en exil et a remis, le 20 juin 2024, une pétition signée par 148 000 personnes en ce sens à Emmanuel Macron »Une demande restée jusqu’ici lettre morte.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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