L’artiste Ben Vautier, 88 ans, s’est suicidé après le décès de son épouse Annie. Il a laissé un message expliquant qu’il ne pouvait pas vivre sans elle et qu’il avait décidé de la rejoindre. Son corps sans vie a été retrouvé à son domicile le 5 juin.
L’artiste niçois Ben est décédé ce mercredi 5 juin à son domicile situé route de Saint-Pancrace à Nice. L’entourage familial de Ben Vautier a déclaré que l’artiste octogénaire s’était suicidé après le décès de son épouse ce mardi soir des suites d’un accident vasculaire cérébral. L’artiste a décidé de se suicider, « pour la rejoindre »parce qu’il ne pouvait pas vivre sans elle.
Annie Vautier, l’épouse de Ben et soutien indéfectible à son travail artistique tout au long de leur vie commune, a été victime d’un accident vasculaire cérébral le lundi 3 juin à 23 heures. Elle est décédée le 5 juin à 3 heures du matin. Ne voulant et ne pouvant pas vivre sans elle, Ben s’est suicidé quelques heures plus tard. chez eux, à Saint-Pancrace dans les hauteurs de Nice.
Eva et François Vautier et leurs enfants.Communiqué de presse.
Pour Robert Roux, Adjoint au Maire, Délégué à la Culture et Conseiller Métropolitain Nice Côte d’Azur « sa femme Annie était sa conscience. Il demandait constamment où elle était. Elle était essentielle pour lui.
C’est ce que révèle une note écrite par l’artiste, retrouvée ce mercredi. Il avait 88 ans.
Le parquet de Nice a annoncé le décès de l’artiste peu après midi. « Je confirme le décès de Monsieur Benjamin Vautier, né en 1935, connu sous son nom d’artiste BEN. L’intéressé a été découvert sans vie à son domicile. Les premiers éléments indiquent une blessure par balle. Une enquête sur les causes du décès est ouverte et confiée au DIPN 06. Un procureur de la République se rend sur place. a indiqué le parquet, Damien Martinelli.
Le maire de la ville de Nice, Christian Estrosi l’a confirmé sur les réseaux sociaux.
Je suis bouleversé. Mon ami Ben, ce merveilleux artiste qui incarne une grande partie de la culture niçoise nous a quitté. Hier, j’ai appris la disparition d’Annie, sa femme. Ils sont réunis comme ils l’ont toujours été. L’école de Nice perd l’un de ses principaux fondateurs.
Christian Estrosi, maire de Nice.
Et ajouté: « Il me manque déjà. Il nous manque déjà terriblement. » Le maire précise que :la Ville lui rendra hommage à la hauteur de son génie. Des pensées pour sa fille Eva, qui s’en sort avec un courage admirable, je sais. »
Le service SDIS 06 a confirmé à France 3 être intervenu à un maison de Saint-Pancrace à Nice.
Contactée ce mercredi matin, la veuve de l’artiste Sacha Sosno, Mascha, explique que Ben « C’était l’être le plus brillant qui soit ».
« Il était drôle, il avait de l’humour, il était intelligent. Il était parfois odieux aux autres, parce qu’il était jaloux (rires). J’ai trouvé dans mon tiroir un écrit qu’il avait fait à mon mari, qui disait ‘Je suis jaloux de Sacha, mais je l’aime' ».
C’était une personne que tout le monde aimait. Il y avait beaucoup, beaucoup d’amour à Nice pour Ben, et je pense ailleurs aussi. Pour moi, c’était un grand artiste et je suis extrêmement triste.
L’amitié entre Ben et Sacha Sosno était très ancienne. Mascha Sosno en a été témoin dès ses premières rencontres en 1974. L’artiste niçoise décédée le 5 juin lui a très vite montré des signes d’affection. Elle se souvient aussi de choses stupides : « Nous nous disputions et les choses allaient mieux 5 minutes plus tard. »
Le monde de l’art est très touché par cette disparition soudaine.
Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier, est né le à Naples, en Italie. Il vivait à Nice
depuis l’âge de 14 ans.
Il était surtout connu du grand public pour ses « écrits », déclinés sous diverses formes.
Appartenir à l’avant-garde artistique postmoderne. Dans sa dernière newsletter envoyée à ses abonnés ce mardi soir, il écrivait :
On m’a demandé d’écrire – à quoi ressemblera la fin du monde – elle est déjà là – regarde par la fenêtre, regarde la télévision – regarde dans le miroir et saute par la fenêtre
Bien,Newsletter du mardi 4 juin 2024.
Le musée d’art naïf Anatole Jakovsky de Nice lui a donné carte blanche l’été dernier.
Visiblement serein à l’idée de la mort même s’il avait contracté le Covid en 2020, l’artiste de l’Ecole de Nice semblait plus préoccupé par l’insuffisance respiratoire mortelle que peut provoquer le Covid-19 : « S’il pouvait simplement nous guillotiner, merder tous les petits vieux, ce serait pas mal pour la planète ! »
Rapport en 2020 :
Connu pour ses célèbres slogans écrits en lettres manuscrites blanches sur fond noir, « Je ne sais pas quoi dire », « Fais-moi un cygne » ou « Comment savoir si c’est de l’art ou pas ? qui a donné naissance à de nombreux produits dérivés, Ben est aussi l’un des représentants les plus connus du mouvement d’avant-garde Fluxus depuis sa rencontre à Londres, au début des années 1960, avec le principal fondateur de ce mouvement, George Maciunas.
Un mouvement qui a notamment fêté ses 60 ans en septembre 2023, à Blois, dans le Loir-et-Cher.
Ben a été exposé au Moma à New York ainsi qu’au Centre Pompidou à Paris.