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L’armée lance une offensive contre Khartoum, en grande partie aux mains des paramilitaires

Khartoum, Soudan, 26 septembre 2024.

Des frappes aériennes et des tirs d’artillerie ont secoué Khartoum jeudi 26 septembre, où l’armée est engagée « combats acharnés » contre les forces paramilitaires qui contrôlent en grande partie la capitale soudanaise, selon des témoins et une source militaire. La veille des combats, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait exprimé sa « profonde inquiétude » concernant « escalade » du conflit qui oppose depuis avril 2023 l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) de son ancien adjoint, le général Mohammed Hamdan Daglo.

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A Khartoum, les affrontements ont commencé à l’aube, ont rapporté plusieurs habitants, dans ce qui semble être la première offensive majeure de l’armée depuis des mois pour reprendre des parties de la capitale contrôlées par les RSF. « combats acharnés » A Khartoum, une source au sein de l’armée a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP). Cette source, qui a requis l’anonymat car elle n’était pas autorisée à parler aux médias, a précisé que les forces de l’armée avaient traversé deux ponts clés sur le Nil, qui sépare les quartiers de la capitale contrôlés par l’armée de ceux contrôlés par les RSF.

Depuis le début de la guerre, les paramilitaires ont chassé l’armée de la majeure partie de la ville. Mais après sa dernière offensive majeure en février, l’armée a repris une grande partie d’Omdurman, qui est adjacente à la capitale et à une partie de sa zone métropolitaine. Plusieurs habitants d’Omdurman ont rapporté « tirs d’artillerie intenses » qui ont commencé tôt jeudi, notamment sur des immeubles résidentiels, tandis que des avions militaires survolaient la ville.

De 20 000 à 150 000 morts

Depuis le début de la guerre, les combats les plus violents ont eu lieu dans des zones densément peuplées. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre pour avoir délibérément ciblé des civils et bloqué l’aide humanitaire. La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, les estimations allant de 20 000 à 150 000, la plupart des victimes n’ayant pas été comptabilisées, selon les médecins. Elle a également déplacé plus de 10 millions de personnes, soit un cinquième de la population du Soudan, et a créé l’une des pires crises humanitaires de l’histoire récente, selon les Nations unies.

L’attaque de Khartoum intervient alors que les RSF ont lancé le week-end dernier une offensive contre El-Fasher, une importante ville du Darfour de quelque 2 millions d’habitants, qu’elles assiègent depuis des mois. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a mis en garde jeudi contre l’attaque. « risque élevé » violences ethniques si cette ville du sud-ouest du pays tombe aux mains des paramilitaires.

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Antonio Guterres, qui a rencontré le général Al-Bourhan mercredi en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, « a exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade du conflit au Soudan, qui continue d’avoir un impact dévastateur sur les civils soudanais et menace de déborder dans la région »selon une déclaration de son porte-parole. Les deux hommes ont également discuté « la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable » et l’accès humanitaire « sans entrave ». Sur place, « les conditions sont apocalyptiques »a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Les États-Unis, l’Union européenne, la France et l’Allemagne ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, exprimant leur inquiétude face à une ingérence étrangère, tandis que les Émirats arabes unis, en particulier, sont accusés de fournir des armes à la FSR.

Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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