Alors que le conflit s’étend au nord d’Israël, l’armée israélienne continue de mener la guerre sur d’autres fronts. En Cisjordanie occupée, les opérations militaires se multiplient.
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Les habitants de ce quartier de Qabatiya marchent dans les décombres au pied de ce qui reste d’une maison. Leurs regards sont attirés par le toit, d’où le jeudi 19 En septembre, des Palestiniens ont été tués et jetés dans le vide par des soldats israéliens. Des images diffusées et jugées vendredi « profondément inquiétant » par la Maison Blanche. L’armée israélienne, qui affirme avoir tué quatre militants ce jour-là, a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Les voisins, encore hébétés, tentent de comprendre. Hadi, soixante ans, yeux bleus, dit avoir tout observé à travers sa fenêtre : « Ce que j’ai vu, ce sont les forces spéciales israéliennes qui arrivaient par la route. Trois jeunes ont été tués, après un échange de tirs qui a duré 20 minutes. L’armée d’occupation a tiré sur eux. Nous avons regardé depuis le toit de notre voisin ce qui se passait des heures plus tard. L’armée a de nouveau ouvert le feu. Ils étaient déjà morts, et ils les ont jetés du toit. »il dit.
Les Palestiniens tués étaient armés et retranchés à l’intérieur des murs qui ont été progressivement détruits au bulldozer. Le déroulement de l’opération fait l’objet d’une enquête interne de l’armée israélienne. « Bien sûr, nous sommes choqués par le nombre de coups de feu »poursuit Hadi, qui donne d’autres détails.
« Il y avait quatre martyrs au sol, on ne pouvait pas les aider, on ne pouvait pas leur venir en aide ! L’un d’eux bougeait encore… il n’était pas encore mort. Ils l’ont tué avec un drone. »
Hadi, un habitant du quartier de Qabatiyaà franceinfo
Des images de la tragédie s’échangent entre les habitants. Saïd, vêtu d’un tee-shirt blanc, est venu rendre hommage aux victimes, des résistants, explique-t-il. « Tout cela est tragique, surtout pour les jeunes. Ce qu’ils ont vu et ce qu’ils voient, c’est de la violence, des combats, des bombardements. Tous ces bulldozers qui passent, les enfants s’en souviennent. Ils deviennent pleins de haine envers l’occupation. C’est un occupant, et oui, tous ceux qui veulent nous tuer doivent être traités de la même manière. »
Derrière un pan de mur effondré, une salle de bain apparaît, un salon. Selon les voisins, cinq familles vivaient dans cette maison. Ils ont quitté cet endroit, devenu définitivement inhabitable après les échanges de coups de feu.
Reportage en Cisjordanie par William de Lesseux et Jérémy Tuil