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L’Arabie saoudite a rejoint le projet du nouveau système de paiement international mBridge. Un pas de plus vers la fin du pétrodollar et du bitcoin…
mBridge
La Banque des règlements internationaux (BRI) et les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis travaillent sur le projet mBridge depuis plus de trois ans.
Il s’agit d’un système de paiement international utilisant les monnaies numériques des banques centrales (CBDC). La Chine est le principal architecte de ce projet qui pourrait concurrencer le réseau SWIFT.
En son cœur se trouve une blockchain qui permet des paiements transfrontaliers instantanés via des paiements dits atomiques ainsi que des transactions de change.
Le terme atomique signifie simplement que comme le Bitcoin, les paiements sont irréversibles. Ils ne s’appuient pas sur une usine à gaz financière qui peut mettre plusieurs jours pour confirmer un paiement. Soit le paiement est instantané, soit il n’a pas lieu.
Les transactions sont effectuées via le mécanisme de consensus « HotStuff ». Le même qui devait être utilisé par le projet Libra de Facebook et est utilisé par Ethereum pour son protocole de Staking. Il s’agit essentiellement d’une alternative au mécanisme de preuve de travail de Bitcoin. Le protocole Dashing est également à l’étude.
MBridge a récemment franchi une étape majeure avec l’achèvement de son prototype et la décision de l’Arabie saoudite de rejoindre le projet. Selon la BRI, les quatre banques centrales ont chacune déployé un nœud de validation et quelques banques commerciales ont déjà réalisé des transactions tests. Le géant chinois Tencent est impliqué depuis septembre 2023. La firme participe à la validation des cas d’usage pour les paiements transfrontaliers ainsi qu’au développement de la plateforme.
L’Arabie Saoudite couvre ses arrières
L’intégration du royaume au sein du club des BRICS est loin d’être anodine. Les pays membres affichent clairement leur intention de purger le dollar de leurs échanges commerciaux. L’arrivée des Saoudiens pourrait signifier que les exportations de pétrole saoudien vers la Chine pourraient un jour se faire via la blockchain mBridge, en yuans.
Rappelons au passage que le président chinois Xi Jinping a appelé en novembre 2022 depuis Riyad aux pays du Golfe à accepter la monnaie chinoise, le yuan, comme moyen de paiement. Un autre signe indubitable est que les banques centrales des deux pays ont récemment signé un accord d’échange de devises d’une valeur de 50 milliards de yuans (7 milliards de dollars) en novembre 2023.
Mais qui sait ce que pourraient décider les Etats-Unis s’ils abandonnaient le pétrodollar ? Est-ce un hasard si la chaîne de télévision américaine CBS vient de mettre en lumière les accusations de complicité du gouvernement saoudien dans les attentats du 11 septembre 2001 ? Est-ce aussi un hasard si le ministre saoudien de la Défense s’est rendu en Chine cette semaine ?
La Banque centrale des Émirats arabes unis et la Banque populaire de Chine ont également signé un accord pour renouveler un swap de devises afin de renforcer la coopération dans le développement des monnaies numériques des banques centrales.
Ces manœuvres sont à comparer avec les déclarations faites par Vladimir Poutine au Forum économique de Saint-Pétersbourg :
« Les BRICS travaillent sur leur propre système de paiement, libre de toute pression politique, de tout abus… et de toute interférence extérieure. »
Il est très probable que le président russe fasse ici référence à mBridge. La banque centrale russe possède déjà sa propre CBDC.
Qui contrôlera mBridge ?
Le système de paiement mBridge supportera-t-il le dollar ? Pour l’instant, le dollar n’existe pas sous la forme d’une CBDC. Donald Trump a également déclaré qu’il n’y aurait pas de CBDC s’il était élu.
Voici cependant ce que l’on peut lire sur le site de la banque centrale américaine :
« Bien que la Réserve fédérale n’ait pris aucune décision concernant la mise en œuvre d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC), nous avons exploré les avantages et les risques des CBDC sous divers angles, notamment par le biais de la recherche et de l’expérimentation technologiques. »
Il faut également souligner que la BRI, qui supervise le projet mBridge, est une institution occidentale basée en Suisse. Sans compter que le FMI, la BCE et la Fed de New York font partie des « membres observateurs ».
Christine Lagarde a déclaré le 24 juin que la BCE avait fait « des progrès significatifs ont été réalisés pour être prêt à émettre un euro numérique, si nécessaire. »
Enfin, tout cela doit être replacé dans le contexte de tensions géopolitiques qui restent malheureusement vives. Une escalade des sanctions pourrait conduire à la déconnexion d’autres pays du réseau SWIFT et à de nouveaux gels des réserves de change. Le réseau mBridge pourrait alors devenir une option de repli.
Le plan B qui a fait ses preuves depuis plus de 15 ans est évidemment le bitcoin…
Bitcoin > mBridge
Bitcoin est à la fois une monnaie et un réseau de paiement. C’est aussi une réserve de valeur apatride et neutre. Aucune nation ne peut l’utiliser comme arme géopolitique.
Voici le point de vue de Michael Saylor à ce sujet :
« Le système bancaire mondial est lié à un actif fiduciaire, le dollar, qui s’effondre de 7 à 10 % par an et est infiltré par la Fed. Cela ne veut pas dire que les banques sont mauvaises en soi. Le problème est que nous disposons d’un seul actif toxique (le dollar). Un actif fragile car centralisé. Imaginez un monde où 50 000 banques utiliseraient Bitcoin avec des compensations P2P entre elles. Demandez à la Banque d’Australie, à la Banque d’Autriche ou à la Banque de Chine si elles n’aimerais pas avoir un actif qui ne perd pas 7 à 10 % de sa valeur chaque année. Demandez-leur s’ils n’aimerais pas pouvoir effectuer des transactions avec n’importe quelle autre banque dans le monde, en peer-to-peer. C’est une amélioration par rapport au système existant.
Le monde est las de financer la dette américaine. Le climat actuel de guerre froide est en grande partie lié au fameux privilège exorbitant du dollar. Le calme ne reviendra qu’avec un nouveau système monétaire international. Même le pape François appelle à un « nouvelle architecture financière internationale ».
Autrement dit, Washington devra accepter d’abandonner son hégémonie monétaire héritée de la fin du Gold Standard.
Et quoi de mieux que le bitcoin pour le remplacer ? Mbridge se contenterait de repeindre le système existant. Un seul réseau est capable de résister à la censure et il s’appelle Bitcoin.
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