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L’Arabie Saoudite a condamné un instructeur de conditionnement physique à onze ans de prison pour avoir publié des photos en tenue de sport

La monitrice de fitness, Manahel al-Otaibi, 29 ans, avait pour habitude de poster des photos d’elle sur les réseaux sociaux, notamment Snapchat, en tenue de sport ou en robe notamment, dans un centre commercial, entre autres. Souriante, elle a posé, ses longs cheveux noirs visibles et dénoués. De plus, elle a utilisé les plateformes pour dénoncer la condition des femmes dans son pays. Un acte extrêmement courageux qui lui a coûté onze ans de prison, selon plusieurs ONG de défense des droits humains. Le 9 janvier 2024, la Cour pénale spéciale l’a condamnée à l’issue d’un procès tenu à secret, a rapporté Amnesty International.

Car si son profil peut ressembler à celui d’une influenceuse lambda, il n’en est rien. Manahel al-Otaibi est saoudienne. Elle vit donc en Arabie Saoudite, dans un pays qui a levé l’obligation du port de l’abaya, une tenue couvrant les cheveux et le corps, depuis 2018 seulement. D’ailleurs, en effet, de nombreuses femmes se plaignent d’être encore obligées de le porter malgré tout.

S’habiller « légèrement », en tant que femme, c’est donc prendre un vrai risque. Officiellement, Manahel al-Otaibi a été emprisonné pour « infractions terroristes », même si aucune des infractions présumées n’a été précisée. Actuellement derrière les barreaux, la jeune femme se serait cassé la jambe après avoir été battue et n’aurait pas accès aux soins médicaux. Manahel al-Otaibi a été arrêtée le 16 novembre 2022 et accusée d’avoir violé la loi anti-cybercriminalité, en raison de ses photos et de ses tweets contenant des hashtags en faveur des droits des femmes.

Selon des documents de procédure qu’Amnesty International a pu consulter, Manahel al Otaibi est poursuivi pour « publication et diffusion de contenus impliquant la commission de péchés en public et incitant des personnes, notamment des filles, dans la société à renoncer aux principes religieux et aux valeurs sociales comme ainsi que porter atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs sur son compte Twitter.

Amnesty International demande la libération immédiate du militant. Par ailleurs, l’ONG réclame une enquête « efficace » et « impartiale » sur ses conditions de détention.

Paradoxalement, le royaume saoudien, qui n’autorise les femmes à conduire que depuis 2018, a été choisi pour présider la 69e Commission de la condition de la femme de l’ONU en 2025. Trois ans plus tôt, le choix de l’Iran pour sa présidence en 2021 avait déjà suscité des protestations. Le choix de l’Arabie Saoudite est une décision controversée compte tenu des conditions de vie des femmes saoudiennes, et du sort réservé aux militants pour l’émancipation, que les récentes réformes ne peuvent rendre invisibles.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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