Elle devait fermer en 2022, selon la promesse faite par Emmanuel Macron en 2017. Mais la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), l’une des deux dernières en France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique) , est toujours en activité, son arrêt définitif ayant été repoussé à 2027. Il ne fonctionne plus beaucoup (deux cents heures l’hiver dernier) mais son rôle reste essentiel pour assurer la sécurité de l’approvisionnement électrique du pays lors des périodes de pointe de consommation.
Son avenir reste néanmoins très incertain, car les deux projets de reconversion, annoncés par le chef de l’Etat l’an dernier, sont au point mort. Il s’agit de transformer la centrale à charbon de 600 MW en centrale biomasse et de créer une unité de production d’hydrogène. Les représentants du personnel ont été reçus à Bercy le 13 juin, mais ils n’ont reçu aucune réponse.
Le propriétaire du site, le groupe GazelEnergie (qui appartient au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky) affirme néanmoins avoir trouvé un premier débouché pour sa future installation à hydrogène, auprès du sidérurgiste allemand SHS. Mais l’investissement est très lourd (780 millions d’euros prévus en deux phases) et il a besoin du soutien de l’Etat pour obtenir l’aide européenne.
L’hydrogène serait envoyé en Allemagne
C’est là où se trouve le problème. « Le ministère de l’Industrie refuse de signer une lettre de soutien, estimant qu’elle ne servirait qu’à décarboner l’économie allemande. Or, nous avons expliqué que l’usine SHS n’est qu’à une vingtaine de kilomètres et que la moitié des salariés qui y travaillent sont français.»regrette Thomas About, le délégué CFDT.
Le projet de centrale électrique à biomasse attend également une feuille de route. Cela coûterait 900 millions d’euros, mais seulement une centaine de millions si la moitié de l’approvisionnement est constituée de charbon. « Les émissions de CO2 seraient alors équivalentes à celles d’une centrale à gaz »argumentons-nous chez GazelEnergie, où nous aimerions également avoir des assurances sur un nombre minimum d’heures de fonctionnement.
Silence radio pour l’instant, malgré le courrier envoyé par 450 élus du département à l’Élysée début juin. « Mais le gouvernement veut rester dans l’affichage et le symbole en annonçant l’arrêt définitif du charbon », souligne le représentant de la CFDT. Quitte à importer davantage d’électricité allemande d’origine fossile. »