AAprès son score historique aux élections européennes et aux législatives des 30 juin et 7 juillet, le Rassemblement national (RN) représente un danger immédiat. C’est un ennemi mortel de nos libertés et de la démocratie, qui utilise le racisme comme instrument de propagande.
Dans ce contexte de division et de haine organisée, le RN se revendique à l’avant-garde de la lutte contre l’antisémitisme. Depuis le début des années 2000, sa stratégie de dédiabolisation a fait de l’occultation de l’antisémitisme la clé de voûte de sa course au pouvoir. Ainsi, le 12 novembre 2023, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont défilé dans la marche contre l’antisémitisme et se sont positionnés en protecteurs des juifs. On n’est pas dupe.
L’antisémitisme est consubstantiel au RN, à son histoire comme à sa matrice idéologique. Il continue de façonner la vision du monde qu’il déploie et il transpire régulièrement des propos de ses cadres et militants, comme le révèle une récente enquête de Libérer sur les candidats aux élections législatives. Selon le rapport 2022 de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), l’électorat du RN est celui dans lequel les préjugés antisémites sont les plus répandus.
Jordan Bardella avait déclaré dans l’émission « Le Grand Jury » sur RTL le 27 mars 2022, qu’en cas de victoire de Marine Le Pen, les viandes casher et halal seraient interdites, tandis que la menace d’une interdiction du voile et de la kippa dans l’espace public continue de planer dans les déclarations du RN, ce qui souligne la matérialité du danger pour les juifs et les musulmans que représenterait son arrivée au gouvernement.
Imposture
Ces tentatives de l’extrême droite de se faire passer pour des partisans des juifs sont une imposture qui se mesure autant aux prises de position des membres du RN qu’à ses références et à son programme politique. Cette instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme n’a d’autre objectif que de s’en prendre aux musulmans et aux étrangers. Les juifs servent de prétexte pour continuer à distiller la haine de l’autre et trouver des boucs émissaires.
Lorsqu’un parti xénophobe et raciste comme le RN prétend s’emparer d’un thème antiraciste, c’est évidemment pour le vider de sa substance. Nous refusons cette manipulation menée par un parti qui place la préférence nationale au cœur de son programme et de son action. Nous refusons la compétition entre minorités et leurs mémoires traumatiques, celle de la Shoah, celle de l’esclavage, celle de la colonisation, qui n’a d’autre but que d’amener ces communautés à se considérer comme des ennemies.
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