L’antisémitisme, de drame en drame
Le viol collectif dénoncé par une très jeune fille cette semaine est avant tout un drame individuel, et un échec collectif. Le fait qu’elle soit de confession juive et qu’elle ait été agressée pour cette raison ajoute de l’horreur à l’horreur, et place le thème de l’antisémitisme au cœur d’une campagne législative éclair et quelque peu cacophonique.
Rappelons, toutes choses égales par ailleurs, une autre attaque qui a traversé la campagne présidentielle de 2002 et imposé le thème sécuritaire, cher à l’extrême droite : celui d’un vieux monsieur appelé « Papy Voise ». Trois jours plus tard, le Front national de Jean-Marie Le Pen accède au second tour. Aujourd’hui, c’est le calvaire d’une jeune fille juive qui fait l’objet d’une exploitation politique tous azimuts.
L’antisémitisme, ce fléau, est l’affaire de tous dans la mesure où il est incompatible avec les valeurs de la République. Être dans la haine du « Juif », de celle de « l’Arabe » – ou de celle des femmes, en l’occurrence – revient à chaque fois à nous mettre en dégoût de nous-mêmes, enfants de la République – il suffit ici encore de avoir un peu le sens de l’histoire pour savoir jusqu’où peut mener le vote populiste d’un peuple honteux de lui-même. Ne nous opposons pas, ne donnons pas la priorité à nos luttes. Surtout, ne nous essentialisons pas.
Ce contexte délétère relance l’interrogation de certains électeurs quant à la position de LFI sur l’antisémitisme. Il s’agit aussi pour tous les partis de ne pas faire leur miel électoral en rebondissant après le drame. C’est la responsabilité de chacun de nous : n’ajoutons pas drame sur drame.