l’ancienne victime du suspect demande une meilleure prévention de la récurrence des crimes sexuels
Dans sa lettre, la femme, qui a requis l’anonymat, demande notamment le « lancement d’une commission d’enquête » sur cette question de la récidive.
Une précédente victime de Taha O., soupçonnée du meurtre de Philippine, s’est exprimée dimanche dans une lettre adressée à l’AFP, réclamant davantage de moyens pour empêcher « la récidive des crimes sexistes et sexuels ». Dans sa lettre, la femme, qui a requis l’anonymat, demande notamment le « lancement d’une commission d’enquête » sur cette question de la récidive.
C’est la première fois qu’elle s’exprime depuis la découverte du corps de Philippine, une étudiante de 19 ans à l’université Paris-Dauphine retrouvée enterrée au bois de Boulogne, dans l’ouest parisien. Une information judiciaire a été ouverte pour viol et homicide.
Taha O., un Marocain de 22 ans déjà condamné en 2021 pour viol, est le principal suspect. Arrêté en Suisse mardi, les autorités françaises ont indiqué jeudi qu’elles demanderaient rapidement son extradition.
« J’ai tout fait pour que ce qui m’est arrivé ne se reproduise pas »
« Je suis la première victime de Taha O. »a déclaré l’auteur de la lettre à l’AFP par courrier électronique. «Je pense à Philippine et à sa famille et je suis immensément triste. J’aimerais les réconforter, la réconforter, mais je ne fais face qu’au vide insupportable laissé par sa mort..
« J’ai tout fait pour que ce qui m’est arrivé ne se reproduise pas »continue-t-elle. « J’ai porté plainte (…), tenue ferme pendant les deux années d’enquête, d’instruction puis de procès, en me disant que ma démarche protégerait d’autres femmes »insiste celui qui était alors représenté par l’avocat Me Sylvain Dumay.
Condamné, Taha O. a été libéré en juin 2024, « à la fin de la phrase » selon le parquet de Paris. Quelques mois plus tard, Philippine était tuée.
« Pourquoi le système pénitentiaire n’a-t-il pas réussi à empêcher cette récidive ? Pourquoi n’avons-nous pas pu arrêter cette escalade de violence qui a conduit au meurtre d’une jeune femme ?» demande l’auteur de la lettre.
« Quelles mesures sont prévues pour prévenir la récidive ?
Le fait que le suspect soit soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) a suscité de vives réactions, notamment de l’extrême droite. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a notamment exhorté « développer notre arsenal juridique, pour protéger les Français ».
LE « dysfonctionnement » de l’OQTF ne doit pas « faire disparaître la question primordiale de la récidive »nuance la femme dans sa lettre.
« Quelles mesures de prévention de la récidive sont prévues et effectivement mises en œuvre dans les centres de détention ? Quel est l’impact de la détention sur la réduction du risque de récidive ? Quels programmes d’aide à la réintégration sont prévus ?elle énumère.
« Même si cette OQTF avait été respectée, quels mécanismes de coopération internationale existent pour éviter la récurrence des crimes sexistes et sexuels de criminels expulsés ? Notre fraternité, notre humanisme ne peuvent s’arrêter aux portes de nos frontières ».