Entraîneur de club à succès et premier étranger à devenir sélectionneur de l’Angleterre, le Suédois Sven-Göran Eriksson est décédé lundi 26 août à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer qu’il avait rendu public plus tôt cette année.
À l’automne de sa vie, avant le cancer du pancréas qui l’a emporté lundi chez lui à Björkefors, entouré de sa famille, le Suédois voyait déjà le temps s’écouler. « Tout est passé trop vite. Où est passée ma vie ? »il se demandait dans Le Télégraphe en 2002. « J’ai une belle vie et je suis heureux. Ce n’est pas comme être sur le banc à Wembley (Stade de l’équipe d’Angleterre à Londres) » Ça m’a manqué. «
S’il n’a pas réussi à remporter de trophée avec les Three Lions malgré la génération dorée des Beckham, Gerrard, Lampard et Rooney, le Suédois gardera néanmoins une place particulière dans la mémoire des Anglais. Peu après l’annonce de sa mort, le prince William, qui l’avait côtoyé à de nombreuses reprises, lui a rendu hommage. « J’ai toujours été impressionné par son charisme et sa passion pour le jeu, il a écrit sur X. Je pense à sa famille et à ses amis. (C’était) un vrai gentleman » football. « C’est un jour très triste. Il a laissé des souvenirs inoubliables aux fans anglais »a commenté le président de la Fédération anglaise de football, Mark Bullingham. L’Union des associations européennes de football (UEFA) a également déclaré « profondément triste » de la mort de ce « figure bien-aimée » du football européen.
Attendu au tournant par les médias à son arrivée sur le banc de la sélection nationale, Eriksson avait réussi ses débuts, comme lors du 5-1 infligé à l’Allemagne en éliminatoires du Mondial 2002 ou lorsqu’un coup franc de David Beckham contre la Grèce avait offert la qualification à son équipe.
Lors de cette Coupe du monde, l’Angleterre avait échoué en quart de finale face au Brésil, futur vainqueur. Le scénario s’était répété lors de l’Euro 2004 et lors de la Coupe du monde 2006, où les Anglais s’étaient arrêtés au même stade, à chaque fois aux tirs au but contre le Portugal.
De nombreux succès avec la Lazio Rome
Si Eriksson n’a pas su tirer le meilleur de cette génération de joueurs, il a apporté stabilité et rigueur à la sélection anglaise. Au point d’être souvent critiqué pour son manque d’audace dans le jeu et sa pusillanimité dans la gestion de son groupe. Connu comme froid et distant, il vient pourtant en aide à ses joueurs, à l’image de Wayne Rooney, après son carton rouge en quart de finale lors de la Coupe du monde en 2006. « Je pense que vous avez plus besoin de Wayne Rooney que moi. C’est l’enfant chéri du football anglais, alors ne le tuez pas. »Son mandat reste également marqué par des relations houleuses avec les tabloïds, qui ont notamment révélé une liaison extraconjugale en 2004.
En club, Eriksson a remporté une Coupe de l’UEFA avec Göteborg (1982), des titres avec Benfica (trois fois champion du Portugal, une Coupe) mais c’est avec la Lazio qu’il a remporté ses titres les plus prestigieux. Avec des joueurs comme Alessandro Nesta, Pavel Nedved, Roberto Mancini, Juan Sebastian Veron et Simone Inzaghi dans son effectif, il a remporté le Scudetto en 2000 – le deuxième de l’histoire de la Lazio – ainsi que la Coupe des vainqueurs de coupe, la Supercoupe d’Europe et la Coupe d’Italie, compétition qu’il a également remportée avec l’AS Rome et la Sampdoria. Le président de la Lazio Claudio Lotito lui a également rendu hommage lundi. « l’entraîneur le plus titré de l’histoire » du club romain, « mais avant tout un homme intègre et un gentleman raffiné ».
En Angleterre, ses brèves expériences à Manchester City et Leicester ne sont pas couronnées de succès. Dans les années 2000, il confirme qu’il est un globe-trotter en étant le sélectionneur furtif du Mexique, de la Côte d’Ivoire et des Philippines, entraînant également plusieurs clubs chinois. Quelques mois avant sa mort, il réalise son « rêve » en entraînant Liverpool, en mars 2024, pour un match caritatif. « Et c’est arrivé et c’était une belle journée, dans tous les sens du terme »dit-il, très ému.