L’ancien préfet Alain Gardère condamné à deux ans de prison, dont un an sous bracelet électronique
« Arrangements » Et « privilèges » dans les services de l’État d’une part, « système corrupteur des élus locaux » de l’autre : dix hommes – dont un ancien préfet, trois actuels ou anciens maires d’Île-de-France et des entrepreneurs du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) – ont été condamnés jeudi 24 octobre à Paris.
Au total, treize personnes et deux sociétés ont été jugées en mai et juin à Paris, dans une affaire en deux volets dont l’enquête a débuté par des soupçons sur le mode de vie d’Alain Gardère, 68 ans, ancien préfet de police de Marseille.
Ce haut fonctionnaire, aujourd’hui à la retraite, a été condamné à deux ans de prison, dont un an sous bracelet électronique, et à 250 000 euros d’amende : il a été reconnu coupable de treize des dix-neuf délits pour lesquels il était poursuivi, dont corruption, influence. colportage, prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. A l’époque, Alain Gardère était préfet des sites aéroportuaires d’Ile-de-France (2012-2014) puis directeur du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS, 2015-2016).
« Systématiquement, il cherchait à tirer des avantages, tantôt financiers, tantôt relationnels, de ses fonctions et de son réseau d’amitiés »le tribunal a statué.
Alain Gardère a ainsi été reconnu coupable d’avoir délivré un badge spécial d’accès à l’aéroport à un homme en échange d’invitations régulières dans un cabaret parisien, mais aussi d’avoir accepté une réduction sur un abonnement à un système d’alarme, un téléphone portable gratuit et une invitation à un séjour en Corse du patron d’une société de gardiennage qui était sous la surveillance du CNAPS. Le tribunal l’a également condamné, par exemple, pour avoir accepté la mise à disposition d’un véhicule avec chauffeur pour un trajet Marseille-Nice en échange d’une promesse d’influence pour un transfert.
Ces infractions, « visiblement sérieux », « faire preuve d’une confusion constante entre l’intérêt général et les intérêts privés ou partisans »selon le jugement. Ils « perturber considérablement le fonctionnement du service public en lui superposant un système parallèle et dérogatoire, fait de aménagements et de privilèges ».
Alain Gardère, dont la défense a plaidé l’acquittement, a dix jours pour faire appel.
Sanctions d’inéligibilité
Partant d’Alain Gardère, l’enquête s’est ensuite concentrée sur un promoteur immobilier, Antonio de Sousa, débouchant sur le deuxième volet de l’affaire. « Clé de voûte d’un système de corruption et d’influence mis en place auprès des élus »le patron des sociétés Lux’Immo et France Pierre a été condamné à cinq ans d’emprisonnement, dont deux ans sous bracelet, ainsi qu’à une amende de 2 millions d’euros.
L’édile Les Républicains d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), Jean-François Oneto, doit quitter sa mairie : le tribunal a prononcé une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, soit d’application immédiate même dans le en cas de recours. Il a également écopé de quatre ans de prison, dont deux ans sous bracelet, et d’une amende maximale de 375 000 euros. Il a été reconnu coupable de corruption, pour avoir secrètement reçu 531 000 euros afin d’acheter un terrain en Corse, en échange de décisions favorisant des projets immobiliers dans sa commune. Il a également fait employer sa fille à la mairie alors qu’elle était aux États-Unis.
Même traitement pour Sinclair Vouriot, maire divers de droite de Saint-Thibault-des-Vignes dans le même département, déclaré inéligible sans délai et condamné à trois ans, dont un an sous bracelet, et 200 000 euros d’amende, notamment pour avoir bénéficiait d’un travail gratuit à son domicile. Gérald Hérault, ancien maire socialiste de Montgeron (Essonne), a été condamné à dix-huit mois de prison, dont six mois sous bracelet, pour s’être vu offrir en 2005 par France Pierre un véhicule BMW pour près de 40 000 euros, et avoir occupé gratuitement un logement. depuis plusieurs mois.
Cinq autres hommes ont également été condamnés – deux entrepreneurs du bâtiment ainsi que deux entreprises, dont la banque BCP à 300 000 euros pour blanchiment de corruption.