Au souvenir des années passées à ses côtés, Jean Glavany (74 ans) a parfois la voix un peu tendue. Entre deux souvenirs, l’ancien ministre de l’Agriculture et de la Pêche de Lionel Jospin (entre 1998 et 2002), figure du Parti socialiste à l’époque, souffle : « C’est quand même cinquante-cinq ans de ma vie ! »
Des décennies durant lesquelles les deux hommes – une quinzaine d’années les séparent – ont fait connaissance au point de nouer une amitié indéfectible. « À la fin des années 1960, mon père (1) était…
Au souvenir des années passées à ses côtés, Jean Glavany (74 ans) a parfois la voix un peu tendue. Entre deux souvenirs, l’ancien ministre de l’Agriculture et de la Pêche de Lionel Jospin (entre 1998 et 2002), figure du Parti socialiste à l’époque, souffle : « C’est quand même cinquante-cinq ans de ma vie ! »
Des décennies durant lesquelles les deux hommes – une quinzaine d’années les séparent – ont fait connaissance au point de nouer une amitié indéfectible. « À la fin des années 1960, mon père (1) est nommé à la base aérienne de Mont-de-Marsan. J’ai étudié à Paris mais je venais souvent dans les Landes. J’étais déjà un amoureux du rugby, auquel je jouais. »
L’oncle »
Sa première rencontre avec André Boniface ? « A Colombes. Il a joué avec son frère Guy et l’équipe de France. » Sans doute le match du 27 mars 1965 contre le Pays de Galles, au stade Yves-du-Manoir.
« Viens jouer avec nous » : c’est avec ces quelques mots que la démarche s’est opérée, quelques années plus tard. André Boniface – qui avait perdu son frère en 1968 dans un accident de la route – était de retour sur les terrains, comme joueur-entraîneur du Stade Montois. « Je sais qu’il hésitait beaucoup à retourner dans un stade. Mais il avait une volonté farouche de ne pas se laisser enfermer dans la mort de Guy (2), et au contraire de la transmettre aux plus jeunes. Quand il m’a parlé, j’étais enfant et j’ai noué un lien incroyable avec lui.
Au fil des années, les deux hommes ont partagé de nombreux moments au-delà du sport. « Nous sommes allés voir beaucoup de matches ensemble, notamment dans les pays anglo-saxons. Et quand c’était les vacances scolaires, nous avions une maison pas très loin de la sienne, sur la Côte Sud des Landes. Il s’est occupé de mes deux fils et leur a donné une formation. C’était l’oncle de mes enfants.
C’est André Boniface qui lui fait découvrir d’autres personnalités ovales, comme Jean Prat. « Il avait des valeurs fortes, comme le sens de l’amitié et de la convivialité. »
Il préface son livre
Sur le plan sportif, Jean Glavany retient le couturier. « Il y a des gars forts dans le rugby, des gars courageux. C’était un artiste et un immense athlète. C’était un professionnel avant l’heure. Il s’entraînait tous les jours, faisant des pompes, des tractions, des redressements assis. Je l’ai même vu tordre des piliers à coups de bras de fer. Il avait un mode de vie très sain. D’ailleurs je crois que c’est chez moi et à un âge très avancé qu’il a bu son premier verre d’Armagnac. Une expérience que je crois qu’il n’a pas répété (rires)… »
La relation entre sportif et homme politique sera également abordée dans un livre. En 2006, André Boniface publiait ses mémoires, « Nous étions si heureux ». Il a demandé à son ami d’en rédiger la préface.
« Il était fier d’avoir écrit ce livre. Il a une vie incroyable et il voulait la transmettre à ses petits-enfants. Lorsqu’il m’a demandé d’écrire quelques lignes, j’ai d’abord été ému. Cela n’a pas vraiment demandé de travail, il fallait juste raconter ce que nous avons vécu. »
Quelques heures avant la disparition de cette légende du rugby, Jean Glavany avait reçu des nouvelles de la famille Landais. « Il semblait aller mieux dimanche. Il avait mangé. Et surtout, il a pu regarder le match Toulouse-Racing à 15 heures. » Comme pour boucler la boucle.
(1) Le général de l’Air Corps Roland Glavany était pilote d’essai. C’est lui qui a notamment réalisé le premier vol des Mirage III et Mirage IV. Il était également commandant des écoles de l’Armée de l’Air. (2) Jean Glavany a été l’un des dirigeants de l’association Les Amis de Guy Boniface, qui a permis le retrait de la nouvelle statue du frère d’André dans le stade qui porte désormais leurs deux prénoms, à Mont-de-Marsan.