« L’affaire Preynat », l’un des plus grands scandales de maltraitance d’enfants dans l’Église, a choqué le diocèse de Lyon et l’Église de France tout entière, pour qui elle a marqué un tournant dans sa lutte contre les violences sexuelles. . L’ancien curé et aumônier de Sainte-Foy-lès-Lyon, condamné en 2020 à cinq ans de prison pour de multiples agressions sexuelles commises entre 1971 et 1991 sur de jeunes scouts, a été retrouvé mort dimanche 23 juin à Saint-Etienne, a indiqué le parquet. .
Bernard Preynat s’est libéré sur un bracelet électronique » depuis quelques semaines « . CONTRECelui qui souffrait de problèmes cardiaques, âgé de 79 ans, a été retrouvé sans vie dans sa salle de bain, a indiqué un magistrat de permanence, confirmant une information de BFM Lyon. Selon la même source, une enquête sur les causes du décès a été ouverte. « même s’il n’y a rien de suspect sur son corps qui sera examiné par un médecin légiste d’ici quelques jours ».
Lors de son procès, le procureur Dominique Sauves l’a accusé d’avoir » cassé « vit et est « servi par le silence des parents et le silence de l’Église » pour multiplier ses abus. L’un des avocats des parties civiles a estimé le nombre d’agressions entre 3 000 et 4 000.
Né le 5 février 1945, Bernard Preynat est expulsé du petit séminaire de Montbrison (Loire), où un préfet avait découvert son attirance pour les enfants (et où il affirmait lui-même avoir été maltraité), avant d’être finalement ordonné prêtre en octobre. 10 décembre 1971. Il est ensuite nommé vicaire dans la paroisse de Sainte-Foy-lès-Lyon située dans l’actuelle métropole de Lyon en région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est là qu’il crée le groupe scout de Saint-Luc en 1972. Cette structure, indépendante des scouts de France, n’est rattachée à aucun mouvement. Bernard Preynat en était le seul responsable et jouissait d’une grande réputation auprès de la bourgeoisie lyonnaise qui y envoyait ses enfants. Une autorité qui lui avait permis de s’en prendre à de nombreux jeunes scouts, âgés de 7 à 15 ans, en toute impunité, même s’il a été visé par des dénonciations tout au long de sa carrière.
Lui-même, lors de son procès, a demandé pardon aux neuf victimes venues témoigner de leurs souffrances. » Je n’ai pas menti, j’étais sincère au meilleur de ma mémoire. Je réitère ma demande de pardon car je regrette ma recherche du plaisir sexuel dans des gestes répréhensibles », il a dit.
De nombreuses autres victimes n’ont pas pu porter plainte en raison du délai de prescription. Bernard Preynat a été démis de l’État clérical en 2019 à l’issue de son procès canonique, une décision très tardive aux yeux des victimes.
Alors que quatre archevêques successifs de Lyon avaient été informés de ses agissements et qu’il était tenu pour responsable jusqu’en 2015, « l’affaire Preynat » est devenue le symbole de la mauvaise gestion des dérives dans l’Église. Elle scelle notamment le sort du cardinal Philippe Barbarin. Poursuivi pour non-dénonciation de violences sexuelles sur mineurs, l’ancien primat des Gaules a été condamné, le 7 mars 2019, par le tribunal correctionnel à six mois de prison, à l’issue d’un procès retentissant. Cette procédure, qui a duré cinq ans, s’est soldée par l’acquittement de l’archevêque de Lyon, disculpé par les magistrats de la cour d’appel. Le cardinal Barbarin a cependant préféré démissionner du diocèse et est aujourd’hui aumônier à Rennes, en Bretagne.
Le combat de l’association de victimes du père Preynat, La Parole Libéré, a inspiré le film » Grâce à Dieu « de François Ozon sorti en 2019. Rédactrice en chef à La Croix, Isabelle de Gaulmyn, qui fut membre de la troupe scoute fondée par Bernard Preynat, lui a également consacré un livre, Histoire d’un silence (Seuil), dans lequel elle tentait de comprendre comment l’ancien prêtre avait pu commettre ces violences en toute impunité pendant des années, être tenu pour responsable dans le diocèse jusqu’en 2015, et comment cette tragédie avait pu rester cachée jusqu’au début de 2016, lorsque les victimes a décidé de rendre l’affaire publique.