l’ancien chef de cabinet du président Andry Rajoelina condamné pour corruption à Londres
Après avoir réclamé des pots-de-vin à une société minière et avoir été piégée à Londres par les enquêteurs, Romy Andrianarisoa, ancienne directrice de cabinet du président malgache Andry Rajoelina, a été condamnée par la justice britannique à trois ans et demi de prison pour corruption, vendredi 10 mai.
Agée de 47 ans, elle a été arrêtée en août à Londres avec un Français, Philippe Tabuteau, décrit comme son » partenaire « , à la suite d’une enquête menée par l’agence britannique de lutte contre la criminalité, la National Crime Agency (NCA). Elle a été reconnue coupable de corruption en février par un tribunal britannique pour avoir exigé des pots-de-vin pour l’attribution de licences d’exploitation au groupe minier britannique Gemfields.
Après son arrestation, elle a été relevée de ses fonctions par la présidence malgache. Contactée par l’Agence France-Presse après l’arrêt, la présidence n’a pas souhaité faire de commentaire.
Enregistrements révélés
Vendredi, suite à sa condamnation, la NCA a diffusé six enregistrements de Mmoi Andrianarisoa, où on l’entend négocier des pots-de-vin et se vanter de l’influence qu’elle exerce sur elle « chef », le président Rajoelina. L’affaire a éclaté moins de trois mois avant l’élection présidentielle dans cette île de l’océan Indien. Andry Rajoelina a depuis été investi pour un second mandat, après sa réélection au premier tour d’un scrutin boycotté par l’opposition.
Romy Andrianarisoa, qui avait plaidé non coupable, a joué un rôle « rôle principal » dans cette affaire et « abusé » d’une position de « confiance et responsabilité », a déclaré le juge Christopher Butcher lors du prononcé de la peine. Son complice, Philippe Tabuteau, a été condamné à vingt-sept mois de prison.
Tous deux avaient tenté d’obtenir un pot-de-vin du groupe Gemfields, propriétaire depuis 2008 de la société Oriental Mining à Madagascar. Le groupe a fait part de ses inquiétudes aux autorités britanniques, ce qui a conduit à l’arrestation des deux suspects en août dans le quartier londonien de Victoria lors d’une réunion. . L’agence britannique a alors précisé qu’elle « soupçonné d’avoir tenté de racoler » des sommes s’élevant au total à 250’000 francs suisses (260’000 euros) « et une participation au capital de 5% ».
Compagnie Shell
Le juge a expliqué vendredi qu’il était impossible de déterminer le montant exact en cause, mais il a déclaré qu’il aurait été « substantiel ». L’agence NCA a mené une enquête « secrète » après l’alerte du groupe Gemfields, avec un agent infiltré dans les négociations qui enregistrait les discussions.
Lors d’une réunion fin juin 2023, Romy Andrianarisoa négocie le montant du pot-de-vin : « Ce que j’ai lu dans le contrat c’était 10 pour nous deux, et ce que j’ai dit quand je vous ai rencontré c’était 10 pour chacun de nous, pour Philippe et pour moi », elle dit. Dans un autre enregistrement, quelques minutes avant son arrestation, elle parle d’une entreprise suisse, son «société écran depuis des années». C’est là qu’elle espérait recevoir les fonds négociés.
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Madagascar est classé 142èmee position sur 180 dans le classement de Transparency International sur la perception de la corruption. « Ce qui nous inquiète, c’est que si cette affaire avait eu lieu à Madagascar, (…) même si des gens étaient pris sur le fait, cela passerait à la trappe, comme d’habitude, compte tenu de l’inefficacité de la justice malgache, des multiples interventions des deux côtés, etc. »Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Transparency International Initiative Madagascar, a déclaré à l’AFP.