Divertissement

« L’Amour ouf », le fourre-tout épuisant de Gilles Lellouche

COMPÉTITION – Avec Adèle Exarchopoulos et François Civil dans les rôles d’amoureux violemment séparés par la vie, le film mêle comédie, drame, film de genre et bien plus encore. Sans le contrôle nécessaire pour éviter d’emmêler vos pinceaux.

Adèle Exarchopoulos est Jackie dans « L'Amour ouf », de Gilles Lellouche.

Adèle Exarchopoulos est Jackie dans « L’Amour ouf », de Gilles Lellouche. Photo Cédric Bertrand/Trésor Films/Chi-Fou-Mi Productions/Shelter Prod/Artémis Productions/France 2 Cinéma

Par Samuel Douhaire

Publié le 24 mai 2024 à 6h55

Mis à jour le 24 mai 2024 à 10h36

En 2018, Gilles Lellouche conquiert la Croisette hors compétition avec Le grand bain, film de bien-être imparable, ses hommes se sentant mal dans leur peau et trouvant leur salut dans la pratique de la nage synchronisée. Six ans plus tard, l’acteur-réalisateur revient par la grande porte en sélection officielle avec un projet bien plus ambitieux et casse-cou, tant par son gros budget (35,7 millions d’euros) que par ses enjeux esthétiques.

J’adore ouf, c’est celle qui réunit Jacqueline, dite Jackie (Mallory Wanecque), et Clotaire (Malik Frikah) dans une petite ville du nord de la France au milieu des années 1980. Entre la lycéenne orpheline et le petit voyou, un simple échange de regards a suffi. Mais la vie sépare ceux qui s’aiment, très violemment et en faisant grand bruit : Clotaire, après avoir rejoint une bande de braqueurs, est condamné à douze ans de prison pour le meurtre commis par le fils de son patron. A sa sortie de prison, le jeune homme, plus écorché vif que jamais (désormais incarné par François Civil), compte bien récupérer ce qui lui est dû… et retrouver Jackie (Adèle Exarchopoulos), désormais mariée.

Malik Frikah et Mallory Wanecque, qui incarnent les jeunes Clotaire et Jackie, sont formidables.

Malik Frikah et Mallory Wanecque, qui incarnent les jeunes Clotaire et Jackie, sont formidables. Photo Cédric Bertrand/Trésor Films/Chi-Fou-Mi Productions/Shelter Prod/Artémis Productions/France 2 Cinéma

Pour raconter cette passion contrariée pendant près de vingt ans, Gilles Lellouche démontre une envie de cinéma aussi sincère que bruyante. Cadrages hyperréalistes, panoramiques ultra-rapides, effets visuels riches en reflets et expérimentations chromatiques bizarres, tout y est. Mais le réalisateur ne veut pas se contenter d’une comédie ou d’un drame romantique. Du coup de foudre, on passe rapidement aux coups de poing puis au tir.

Lellouche veut faire à la fois du Paul Thomas Anderson, du Martin Scorsese (pour l’extrême violence des règlements de comptes entre gangsters), du John Woo (pour la chorégraphie des combats et des fusillades) et, d’ailleurs, du Jacques Demy ( dans une séquence de comédie musicale pour le moins incongrue). C’est beaucoup pour un seul film, même s’il dure presque trois heures, surtout quand on n’a encore le talent d’aucun des deux, et sa vision très fleurie de l’amour est celle d’un éternel adolescent.

De ce fourre-tout interminable et, finalement, épuisant, on sauvera cependant la première heure, portée par la jeune et redoutable Mallory Wanecque (découverte fin 2022 dans Le pire) et Malik Frikah. La performance touchante d’Alain Chabat en père protecteur et complice. Et une belle séquence de dialogues, tendres puis tendus, entre Jackie, Clotaire et un directeur de supermarché méprisant, où, pour une fois, Gilles Lellouche se retient d’être malin avec sa caméra – ça repose…

p J’adore ouf, de Gilles Lellouche (France, 2h46). Avec Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah. Concours. Sortie le 16 octobre.

Festival de Cannes 2024

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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