Lambert Wilson aimait les hommes, aimait les femmes... mais pourquoi a-t-il mis un terme à l'amour passionné ?
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Lambert Wilson aimait les hommes, aimait les femmes… mais pourquoi a-t-il mis un terme à l’amour passionné ?

Lambert Wilson aimait les hommes, aimait les femmes… mais pourquoi a-t-il mis un terme à l’amour passionné ?

Par Lucie Gosselin | Rédactrice

Journaliste passionnée, je réalise depuis plus de 10 ans des enquêtes, des portraits, des reportages et des interviews.

Alors qu’il fêtera ses 66 ans le 3 août 2024, Lambert Wilson, qui demeure une incarnation de la beauté et du charme, est désormais un homme solitaire. Lui qui dit avoir beaucoup aimé, hommes comme femmes, explique aussi avoir beaucoup souffert, et ne plus en avoir envie. Comment vit-il désormais ? Pourquoi a-t-il fait un choix aussi radical ? D’où viennent ses chagrins ? Retour sur l’histoire d’un homme qui a eu du mal à s’aimer et à aimer…

Lambert Wilson aimait les hommes, aimait les femmes… mais pourquoi a-t-il mis un terme à l’amour passionné ?

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C’est un homme qui porte bien sa soixantaine. Celui qui fête son 66e anniversaire le 3 août 2024 continue de déambuler sur les plateaux de tournage ou dans les festivals avec sa silhouette élancée de dandy charmant. Un homme qui incarne une certaine idée de l’élégance, sans doute amplifiée par le nom de Wilson, qui ajoute à ses airs de gentleman cette touche anglo-saxonne héritée des ancêtres britanniques. Lambert Wilson, acteur connu, reconnu, dont la carrière est faite, doit avoir, pourrait-on penser, une vie amoureuse épanouie, d’autant qu’il a le choix, hommes ou femmes, lui qui ne fait pas mystère de l’éclectisme de ses goûts en matière d’amour. C’est à se méprendre…

« Quand ils veulent se moquer de moi, mes amis m’appellent « Frère Lambert »… confie l’acteur à Télérama en 2010. L’austérité et le silence de la vie monastique me fascinent depuis longtemps. J’ai une maison en Bourgogne, terre des abbayes cisterciennes, et je suis plutôt à l’aise dans l’ascèse.« Ce surnom affectueux, qui fait référence à un état monastique, avec tout ce que cela comporte d’abstinence ou de chasteté prend probablement encore plus de sens aujourd’hui…

Dire que Lambert Wilson est devenu moine serait sans doute exagéré. Mais à l’entendre le dire, il semblerait que l’acteur trouve désormais son bonheur et son épanouissement loin de toute relation amoureuse. C’est du moins ce qu’il a déclaré sans conviction au magazine Paris Match en février 2023. Se sentir aimé fait-il partie de ses aspirations de quête ?, lui ont demandé en substance nos confrères : « Non non, il a décidé. J’étais un peu brisée il y a une dizaine d’années. J’étais très romantique, j’aimais le sentiment amoureux, je cultivais malgré moi le désespoir, le tourment. Cette part-là… Ce n’est pas qu’elle s’est calmée : elle a complètement disparu. Je ne recherche plus du tout cela.« Si les mots ont un sens, celui-ci est clair : Lambert Wilson a mis un terme à l’amour passionné.

Lambert Wilson : « Je voulais devenir Robert Redford »

Comment se fait-il que cet homme qui fait que ceux qui croisent sa route se retournent et le regardent en soit arrivé à un tel extrême ? Pour le comprendre, il faut remonter le temps et revenir à son histoire. À son enfance. Et notamment à son père brutal. Georges Wilson était un acteur, metteur en scène, producteur et directeur de théâtre célèbre. Il a marqué de son empreinte le petit monde de la comédie, pesant de tout son poids sur l’existence de la famille, lui qui a entretenu ostensiblement une liaison au cours de sa vieet a sans doute façonné un petit Lambert plein de doutes devant une figure tutélaire aussi imposante.

C’est évidemment grâce à son père que l’artiste exerce ce métier, ce qu’il confiait à Marc-Olivier Fogiel sur son Canapé en avril 2016, n’était pas fait pour lui, qui aurait préféré une activité moins exposée ou lui demandant d’être moins exubérant et moins entouré : chanteur lyrique par exemple. Lambert avait 13 ans lorsque sa vocation lui est tombée dessus. en face de la Trois Mousquetaires de Richard Lester qu’il était allé voir avec son père.Il y avait toutes les stars de l’époque, Raquel Welch, Faye Dunaway… En une soirée, j’ai reçu un coup de star-system qui m’est instantanément monté à la tête. Le lendemain, j’ai voulu faire du cinéma. Avoir ma gueule sur un grand écran, jouer dans des blockbusters et devenir Robert Redford. Ma mère m’a supplié d’abandonner. Quant à mon père, il m’a expliqué que je n’avais pas assez souffert pour être acteur. Jusqu’à son dernier souffle, il est resté le plus meurtrier de mes critiques.« 

Lambert Wilson est un homme plein de complexes

Cet homme, qui porte un lourd secret de famille, et que certains ont considéré qu’il avait tué le fils alors que l’ordre des choses voulait plutôt que son père soit tué a sans aucun doute sa part de responsabilité dans ce qu’est devenu Lambert Wilson. Dans le peu de confiance en lui qu’il a eu toute sa viequi de temps en temps relit son dossier Wikipédia pour se convaincre que c’était lui et non quelqu’un d’autre qui faisait tout cela. Dans le manque d’amour pour son corps, qu’il portait comme une croix depuis longtemps, celui que ses camarades appelaient « bouboule« et qui souffre encore aujourd’hui, malgré la silhouette juvénile qu’il affiche après un régime, du complexe de gras. »Je m’enfuis des groupes, il confie à Philippe Vandel, en Tout et son contraire, sur France Info, en 2014Ça me rappelle la cour de récréation.« 

Et enfin, dans ce complexe d’infériorité qu’il nourrit également depuis l’enfance : celui de n’avoir jamais étudié à l’université. « C’est assez ironique qu’on me qualifie de cérébral alors que mon problème est précisément de ne pas être cérébral.il a lâché prise Télérama. Je continue à me leurrer, car avec le temps j’ai acquis une culture fragmentaire, celle que les acteurs se construisent, de film en film. (…) En fait, je ne me suis jamais remis de ne pas avoir fait d’études universitaires. Je l’ai compris récemment, et ce fut l’une des épreuves les plus difficiles de ma vie. (…) Il est douloureux d’accepter ses limites« . Si, pour couronner le tout, on ajoute à ce portrait peu flatteur qu’il dresse de lui-même un léger zézaiement ce qui lui a valu le surnom de Bugs Bunny, on peut se poser la question suivante : cet homme qui semble avoir tant de mal à s’aimer lui-même aurait-il pu avoir du mal à aimer ?

En mars 2016, le journaliste de Paris Match qui lui a demandé s’il était en couple, il a répondu : « Non, en ce moment je suis seule et je vais très bien, même si l’amour est la seule vraie valeur. Et n’emportons rien dans la tombe, à part les amours que nous avons vécues… Après avoir pratiqué la quête effrénée de la personne idéale, j’ai envie d’attendre une vraie histoireprendre le risque que ça n’arrive pas. Je me pose beaucoup de questions sur la vie de couple. Réussir est pour moi la chose la plus folle du monde ! Comment renouveler le désir ? Entretenir la fascination ? Continuer le dialogue ? Passer les épreuves ? Jusqu’à présent, j’ai échoué. Je suis fascinée par ceux qui réussissent.« 

Quelques semaines seulement après avoir fait ces commentaires dans le magazine, Lambert Wilson a pris le risque d’entrer dans les détails dans le Canapé par Marc Olivier Fogiel. Une épreuve compliquée pour cet homme qui abhorre tout affichage ou promotion, tout ce qui dans son métier consiste à « se vendre » et à ne plus jouer. Il s’était pourtant prêté à l’exercice avec beaucoup de franchise, commençant par évoquer cette terrible dépression qui s’était abattue sur lui dans les années 2010, juste après la mort de ses parents. Une épreuve qui avait nécessité trois ans de traitement, de psychanalyse et de souffrance, lui qui pensé au suicide avec une telle précision qu’il est allé jusqu’à se demander s’il devait se suicider en sautant dans le vide, s’il devait le faire de face, au risque de finir défiguré, ou de dos pour préserver son visage… Une question glaçante.

« Le couple, ce n’est pas quelque chose que j’ai vraiment vécu… »

« Nous comprenons bien que tout cela (la relation entre ses parents, NDR), demande Marc-Olivier Fogiel, était compliqué à construire. (…) Est-ce que cela a eu un impact sur la façon dont vous étiez un couple ? » « Je pensais que tu allais venir à ça.lui dit l’acteur avec un sourire résigné avant d’aborder le sujet et d’avouer qu’il n’a jamais été obsédé par cette question de la vie de couple.Ce n’est pas quelque chose que j’ai vraiment vécu, en fait, il ajoute. J’ai connu des intermittences. Mais je n’étais pas obsédée par ça.« 

Il avoue cependant avoir été passionné, incroyablement romantiqueau point de vouloir en mourir.Je ne veux plus souffrir du tout à cause de ça, il coupe. Je crois que j’en suis même incapable. Le besoin de me concentrer sur une seule personne m’est devenu pratiquement impossible. C’est comme si la dépression m’avait ouvert à un amour plus large. Les détails du sexe, tout ça n’est pas très intéressant. J’ai aimé des femmes, j’ai aimé des hommes. Ce qui compte, c’est l’amour avec un grand ACe sont les êtres que nous rencontrons.« 

Et de ce point de vue, l’acteur a une vision très particulière du rapport aux autresdont il a parlé le soir même devant MOF, laissant échapper cette étrange confidence : « Je dois baisser les yeux dans la foule pour ne pas absorber la vie des autres. Mon ambition sur terre serait de connaître tout le monde, d’absorber la vie de toute l’humanité. Mais cela fatigue, cela pèse, cela stresse » C’est ainsi que, le soir, seul, Lambert Wilson fait le point, mesurant mentalement le bien-être de ses amis. Cette nouvelle question surgit alors à son sujet : peut-on aimer quelqu’un quand on veut aimer tout le monde ?

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