L’Alsace instaure une nouvelle taxe pour réguler la circulation
La Communauté européenne d’Alsace (CEA) a approuvé le 21 octobre 2024 la mise en place d’une taxe pour les poids lourds. Baptisée « R-Pass », cette mesure vise à réduire la pollution et à rééquilibrer le trafic entre la France et l’Allemagne. Cette décision ne fait cependant pas l’unanimité, suscitant l’inquiétude des acteurs économiques locaux. La taxe sera appliquée à partir de 2027 sur les autoroutes A35 et A36.
Nouvelle taxe sur les poids lourds : un impact controversé sur l’économie locale
La taxe « R-Pass » instaurée par la Communauté Européenne d’Alsace repose sur un double objectif : réduire la pollution et équilibrer le trafic poids lourds entre l’Alsace et l’Allemagne. Avec un taux fixé à 0,15 euro par kilomètre pour les camions de plus de 3,5 tonnes, cette mesure est avant tout vue comme une réponse à l’augmentation massive du trafic transfrontalier. Depuis que l’Allemagne a augmenté sa propre taxe sur les poids lourds en janvier 2024, le trafic sur les autoroutes alsaciennes a explosé, avec une augmentation de 20 % au cours des six premiers mois de l’année, pour atteindre 30 % en août et septembre 2024. « Notre territoire devient un aspirateur pour les camions, un réceptacle de tous les transits internationaux », déclare Frédéric Bierry, président du CEA. La nouvelle taxe vise à mieux réguler ce flux incessant et à limiter le bruit et la pollution environnementale.
Si le CEA met en avant les avantages écologiques et financiers du R-Pass, certains acteurs économiques alsaciens tirent la sonnette d’alarme. La Fédération nationale des transporteurs routiers a dénoncé une véritable « trahison » et estime que cette taxe pourrait coûter 1 500 emplois dans le secteur des transports.tout en augmentant les prix des biens pour les consommateurs. Un collectif pour la compétitivité alsacienne a même publié un « avis de mort symbolique » de l’économie régionale, craignant que cette taxe ne nuise à la compétitivité des entreprises locales. Le 7 octobre 2024, une opération escargot est organisée pour protester contre cette mesure. La Fédération des travaux publics d’Alsace a cependant soutenu le projet, se félicitant que les recettes fiscales soient réinvesties dans l’économie régionale, notamment pour financer des infrastructures routières, comme l’élargissement de la RD83 entre Colmar et Sélestat.
Une réponse à la dégradation des infrastructures
La surcharge des autoroutes A35 et A36 due à l’afflux de poids lourds pose un problème majeur de maintenance des infrastructures. Ces routes subissent une détérioration accélérée, obligeant la communauté à engager des dépenses importantes pour les maintenir en bon état. Avec le R-Pass, le CEA espère non seulement améliorer la qualité de vie des riverains en réduisant les nuisances, mais aussi débloquer des fonds pour moderniser les routes. En effet, les 64 millions d’euros annuels attendus permettront de financer des projets structurants, comme la création de murs antibruit ou la mise à niveau de certaines portions d’autoroutes à trois voiesun projet dont le coût est estimé à près de 200 millions d’euros.
Si les bénéfices potentiels de cette taxe sont nombreux, le CEA est conscient des craintes exprimées par les entreprises locales. Frédéric Bierry a assuré que la concertation se poursuivrait pendant au moins un an afin de définir les modalités d’application du R-Pass. Il a également évoqué la possibilité d’une « compensation pour toutes les entreprises », précisant que l’objectif n’est pas de pénaliser l’économie régionale, mais de réduire le trafic de transit.