L’Allemagne lance une initiative visant à trouver des systèmes de défense aérienne Patriot pour l’Ukraine
La semaine dernière, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), le général américain Christopher Cavoli, a averti que l’Ukraine risquait de manquer de munitions dans un « délai relativement court » en raison du manque de soutien suffisant de ses partenaires occidentaux. Outre les obus de 155 mm, la pénurie concerne principalement la défense aérienne, mise à mal par les vagues de missiles, de drones « kamikaze » (ou munitions télécommandées, MTO) et de bombes planantes lancées quotidiennement par la Russie contre les infrastructures critiques ukrainiennes.
Dans le même temps, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, s’est indigné que les pays européens ne soient pas en mesure de fournir les systèmes de défense aérienne – notamment les Patriot de fabrication américaine – demandés par Kiev. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au moins vingt-cinq unités seraient nécessaires pour contrer les assauts russes.
« Les armées occidentales disposent d’une centaine de batteries de missiles Patriot, et pourtant nous ne sommes pas en mesure de leur fournir les sept que (les Ukrainiens) réclament désespérément » (en plus de celles qui leur ont déjà été données), a déploré M. Borrell. Et il a insisté : « La situation en Ukraine est extrêmement difficile, la machine militaire russe tourne à plein régime. (…) Nous devrions faire plus et plus vite pour les aider à disposer des capacités dont ils ont besoin.
Après avoir pris la tête, avec la France, de la coalition « de soutien à la défense aérienne de l’Ukraine », dans le cadre du « format Ramstein », en février dernier, l’Allemagne a rapidement réagi en promettant de fournir à Kiev une batterie Patriot supplémentaire, en plus aux deux déjà extraits de l’inventaire de la Bundeswehr. « J’appelle tous les autres dirigeants des États partenaires à suivre cet exemple », a commenté le président Zelensky.
La Bundeswehr aura ainsi cédé un quart de ses batteries Patriot à l’Ukraine. Et elle devra attendre avant de récupérer l’intégralité de ses capacités de défense aérienne, les quatre nouveaux systèmes qu’elle a commandés en mars dernier, pour 1,4 milliard d’euros, et qui ne seront pas livrées avant plusieurs années.
Quoi qu’il en soit, Berlin entend rappeler. Ainsi, le 17 avril, les ministres allemands de la Défense et des Affaires étrangères ont lancé conjointement une initiative pour appeler les pays de l’OTAN et de l’Union européenne à « renforcer la défense aérienne ukrainienne le plus rapidement possible ».
Cette initiative « vise à convaincre les alliés de l’Ukraine de fournir immédiatement des moyens de défense aérienne supplémentaires », a expliqué le colonel Arne Collatz, porte-parole du ministère allemand de la Défense. « Parce que nous constatons que les menaces contre l’Ukraine évoluent. (…) La Russie utilise de plus en plus de bombes planantes produites en série, qui peuvent être larguées à de grandes distances de la frontière ukrainienne », a-t-il ajouté.
Cela dit, les systèmes de défense aérienne ne peuvent pas faire grand-chose contre les bombes planantes… sauf abattre les chasseurs-bombardiers qui les lancent.
Reste à savoir si cette initiative allemande portera ses fruits… Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a récemment déclaré que Kiev avait identifié « 100 systèmes Patriot » en service dans le monde. Et de suggérer que « certains pays voisins en utilisaient plusieurs pour surveiller un seul aéroport »… Cela reste cependant à démontrer. Mais chaque État a aussi ses propres exigences en matière de sécurité… comme le Japon, la Corée du Sud, la Suède, la Grèce ou encore la Jordanie. Quant aux États-Unis, tant que le Congrès n’a pas débloqué les 60 milliards de dollars d’aide promis aux forces ukrainiennes, ils ne peuvent rien faire.