«Laissons les enfants tranquilles», «une bonne chose»… Les parents divisés sur la vaccination de leurs petits

Vous ne l’aurez pas manqué, nous sommes en pleine épidémie de grippe. Pour y faire face, 87 hôpitaux ont déclenché le plan blanc, qui leur permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler du personnel en congé, a annoncé vendredi dernier le ministère de la Santé.

Si de multiples facteurs contribuent à expliquer l’explosion des cas, le faible taux de vaccination est pointé du doigt. En France, il est automatiquement proposé (et remboursé) aux personnes âgées et à risque. Mais dans d’autres pays, comme au Royaume-Uni, ce sont les enfants qui font l’objet d’une campagne de vaccination massive.

Un vaccin facultatif mais recommandé

En France, 11 vaccins sont obligatoires pour les enfants, mais celui contre la grippe n’en fait pas partie. Elle peut cependant être proposée aux enfants de 2 à 17 ans sans comorbidités et est prise en charge à 65 % par l’Assurance maladie depuis 2023. Bien qu’elle soit facultative, la Haute autorité de santé la recommande pour les plus jeunes, afin de « limiter les cas graves ». » et « contenir l’épidémie ».

Un avis partagé par Eloïse, 34 ans, qui se fait vacciner chaque année contre la grippe en raison de son asthme et de son surpoids. Enceinte de son premier enfant, elle est claire : « Je n’hésiterai pas à faire vacciner mon enfant contre la grippe au plus vite. Je trouve que les gens sont égoïstes et quand je pense aux personnes immunodéprimées, aux nourrissons et aux personnes âgées qui risquent de perdre la vie dans la souffrance parce que « les gens ne vaccinent pas », cela me met sincèrement en colère. »

Un manque d’informations

Seul un parent sur cinq déclare être informé des recommandations de la HAS sur la vaccination des enfants, selon l’enquête Mpedia réalisée en mars 2024. Caroline, 39 ans et mère de deux jeunes garçons qui ont tous deux attrapé la grippe cette année, fait partie des eux. « Je trouve fou qu’il n’y ait pas de communication autour de la vaccination des enfants. Aucun médecin ne nous l’a jamais proposé. »

Anna, 41 ans, connaît bien la réglementation en vigueur. « C’est la deuxième année que je fais vacciner mes enfants contre la grippe tout simplement parce que depuis 2023, le vaccin est remboursé pour tous les enfants. Je pense que c’est une très bonne chose, la grippe n’est pas une maladie très agréable donc si on peut l’éviter c’est un grand oui. » A la rentrée, la moitié des camarades de classe de son fils sont absents à cause de la grippe.

« Mes enfants ne courent aucun risque mais ils ont été très malades »

Le fils aîné de Caroline est tombé malade le jour de Noël. « Je trouvais absurde d’attraper une maladie pour laquelle il existe un vaccin. Mes enfants ne courent aucun risque mais ils étaient très malades et ont mis plusieurs jours à se rétablir. » Pour elle, la question ne se pose pas : l’année prochaine, tous les membres de sa famille recevront une injection, enfants compris.

Près de 50% des parents considèrent que la grippe est une maladie très contagieuse chez les enfants qui risque de contaminer toute la famille, selon l’enquête Mpedia. Mais seulement 20,7 % estiment que tout le monde devrait être vacciné contre ce virus. David, 53 ans, fait partie des 80 % restants. « Il faut laisser les enfants tranquilles sur ce sujet. » Il s’oppose également à la politique du Royaume-Uni consistant à vacciner les enfants au sein des écoles. « Il ne faut pas impliquer l’école dans cette histoire car ce n’est pas un hôpital mais un lieu d’enseignement. »

Notre dossier sur la grippe

Un avis qu’Anna ne partage pas. «Je ne peux pas comprendre qu’en 2025, les gens soient si anti-science et anti-vax. Je pense qu’en France, on a vraiment raté quelque chose en matière de prévention. » L’hiver dernier, moins de la moitié des personnes à risque de grippe grave ont été vaccinées en France, selon le ministère de la Santé.