THOMAS SAMSON / AFP
La députée de Renaissance Stella Dupont photographiée en novembre 2022 à l’Assemblée (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
POLITIQUE – Le phénomène est observé depuis plusieurs années. A chaque fois qu’Emmanuel Macron a basculé à droite, des chiffres estampillés « aile gauche » de la Macronie sont montés au créneau pour exprimer leur désaccord. Un débat sur l’immigration en 2019 ? Cette petite équipe fait circuler une tribune, tandis que d’autres se battent dans les médias pour demander à leur famille politique de ne pas faire ce cadeau au RN.
Hélas, le débat a eu lieu. Non pas fin 2019 (en raison de la crise sanitaire) mais en décembre 2022. Réforme des retraites, loi sur l’immigration, réforme de l’assurance chômage… Les sujets qui ont irrité la tendance » social-démocrate » Les refus du camp présidentiel sont nombreux. Autant que les couleuvres avalées pour rester au sein d’une famille politique qui n’a cessé de dériver vers la droite. Certes, il y a eu quelques coups d’éclat, comme la démission d’Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé, lors de la loi sur l’immigration, mais jamais un acte collectif signant un divorce qui fragiliserait le » bloc central « .
Le début d’une sécession ?
A moins que la composition du gouvernement de Michel Barnier, qui compte de nombreuses figures de la droite conservatrice, ne fasse office de goutte d’eau qui fait déborder le vase. Après l’annonce, samedi 21 septembre, le député Renaissance des Côtes-d’Armor, Éric Bothorel (déjà déçu par la nomination du Premier ministre) a publié sur le réseau social un panneau routier à la signification évocatrice : celui dédié à la priorité à droite. Ce lundi 23 septembre, Stella Dupont fait également office de début de sécession.
» Je ne soutiens pas ce gouvernement »elle explique dans une interview avec Libéreraffirmant qu’elle est prête à faire tomber Michel Barnier si nécessaire. « Tout ce qui touche à mes valeurs, à ma conception d’une France de droits et de devoirs pour tous, d’une France ouverte, peut me conduire à censurer, même si ce n’est pas ce que je souhaite faire a priori. Et compte tenu de la vision politique de différents ministres, dont Bruno Retailleau, le risque de voir ce type de mesures se concrétiser est réel », a-t-il ajouté. elle prévient. C’est un gouvernement très à droite, très conservateur. Nous ne sommes pas là pour créer Fillon II. Quand on vient de la gauche, on n’a pas sa place dans un gouvernement comme celui-là. « , ajoute dans Le Parisien l’ancien ministre de l’Agriculture et député de la Manche, Stéphane Travert.
Des menaces en l’air
De quoi promettre une rébellion organisée ? Quelques jours plus tôt, c’est sa collègue de Loire-Atlantique, Sophie Errante, qui confirmait la rupture Médiapart. » J’ai pris conscience qu’on ne pouvait pas faire de la politique autrement, ce à quoi je m’étais précisément engagé à La République en marche en 2017. « , a-t-elle regretté, annonçant qu’elle quittait le groupe, alors que Sacha Houlié, marcheur historique et figure de l’aile gauche, avait coupé les ponts il y a quelques semaines.
Alors, l’heure de l’émancipation est-elle venue ? Il est permis d’en douter. Car ce n’est pas la première fois que la gauche menace de faire cavalier seul. Déjà, en janvier, l’idée d’un groupe dissident avait circulé après la nomination de Gabriel Attal, qui confirmait (déjà) un virage à droite aux accents sarkozystes, marqué (entre autres) par l’arrivée de Rachida Dati à la Culture. Officieusement, certains évoquaient même un « groupe de gauche » qui, selon eux, « ne serait pas un groupe de gauche ». larme « Cependant, l’histoire a montré que tous ces gens sont restés au sein de l’ancienne majorité présidentielle.
Outre cette propension à proférer des menaces en l’air, d’autres éléments peuvent les maintenir attachés à leur famille d’origine. Et notamment les ténors macronistes venus de la gauche qui restent légitimistes. À l’image d’Élisabeth Borne qui veut prendre la tête de Renaissance. Une campagne interne pour laquelle elle a obtenu le soutien de Clément Beaune, ancien ministre des Transports lui aussi estampillé « aile gauche « . On peut aussi citer Agnès Pannier-Runacher qui se revendique de ce mouvement, et qui reste pourtant au gouvernement comme ministre de la Transition écologique. Autant d’éléments qui laissent penser que cette sensibilité du macronisme n’a pas vraiment fini d’avaler des couleuvres.
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