l’agréable surprise des organisateurs au moment de faire les comptes
C’était un défi « extrêmement important » selon Tony Estanguet. « Nous voulions organiser les Jeux Olympiques les plus beaux et les plus spectaculaires. Mais sans oublier la nécessité de viser l’équilibre budgétaire. » rappelle le président de Cojo. Les Jeux n’étaient pas terminés à la fin du mois d’août, qu’il couvrait déjà pour Ouest-France : « avoir respecté le budget » spécifiant « On connaîtra le budget très précis à la fin. » Nous y sommes.
Le comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 assure que « le budget final est excédentaire d’au moins 26,8 millions d’euros »a déclaré Fabrice Lacroix, directeur administratif et financier du comité, lors d’une conférence de presse. » Au moins « car il pourrait encore augmenter. « Nous sommes toujours en train de clôturer tous les contrats ou de supprimer les provisions constituées au fil du temps. »
Pour rappel, le budget global des Jeux reposait sur deux piliers. D’une part, le budget Solidéo (4,4 milliards d’euros) a financé les rares sites olympiques construits. En revanche, celui de Cojo (4,45 milliards) reposait à 96% sur un financement privé grâce principalement à l’argent privé des sponsors (1,24 milliard), du Comité international olympique (1,2 milliard) et de la billetterie (1,49 milliard). C’est de cela dont nous parlons aujourd’hui.
A LIRE AUSSI : Jeux Olympiques de 2024. Comment sont financés les Jeux Olympiques de Paris ?
Augmentations des coûts compensées
Pour réaliser cet exploit qu’aucun autre pays hôte des Jeux Olympiques n’a réalisé avant Paris, les organisateurs ont travaillé dur pour aller « gagnez toutes les dépenses ». Ils ont également bénéficié du succès des Jeux qui a eu un effet positif sur les revenus.
Du côté des dépenses, les organisateurs ont toutefois dû faire face à une augmentation de 17 %. Sur le podium des mauvaises surprises budgétaires : l’inflation. « Une augmentation entre 300 et 400 millions d’euros sur le coût du projet » estime Fabrice Lacroix. La sécurité coûte également plus cher que prévu à hauteur de 100 millions, voire 120 millions en incluant la cybersécurité. « C’était inévitable vu l’évolution de la menace depuis notre dossier de candidature »précise Tony Estanguet.
Pour rappel, en 2015, le budget de l’application s’élevait à 3,2 milliards d’euros. Au final, les dépenses s’élèvent à 4,454 milliards d’euros. L’écart entre le budget final et celui de la candidature ne s’explique pas seulement par une augmentation des dépenses imprévues mais plutôt par une tendance des villes candidates à minimiser les coûts au départ pour convaincre le CIO de se voir attribuer les Jeux.
Après Atlanta en 1996 et Sydney en 2000, Paris devrait pourtant être la ville qui voit son budget s’envoler le moins. D’autres évolutions budgétaires sont liées « à notre choix » reconnaît Tony Estanguet. Comme le choix de cérémonies d’ouverture en ville (154 millions d’euros pour les quatre cérémonies) ou encore l’ajout du sport.
A LIRE AUSSI : Jeux Olympiques 2024. Les salaires élevés des dirigeants du comité d’organisation olympique ont de nouveau augmenté
Plus de revenus que prévu
Côté recettes, elles s’élèvent à 4,481 milliards d’euros. Cela représente une augmentation de 18 % du budget. Pour compenser cette augmentation, les organisateurs ont frappé aux portes de partenaires privés pour 91 % des dépenses supplémentaires. Ainsi, les sponsors privés ont contribué au total à hauteur de 1,24 milliard. Soit 150 millions d’euros de plus que la projection initiale « alors que ces montants nous paraissaient déjà ambitieux » révèle Fabrice Lacroix.
En revanche, concernant le financement des Jeux Paralympiques, les organisateurs avaient demandé une prolongation à l’État, augmentant la subvention de 100 à 204,1 millions d’euros.
Le succès des Jeux Olympiques et Paralympiques s’est traduit par la vente d’un nombre record de billets : 12,1 millions. La billetterie a donc généré 1,333 milliard d’euros de revenus, » soit 87 millions de plus que le budget voté en décembre 2023. Et 261 millions d’euros de plus que prévu dans le budget de candidature »précise le responsable financier.
A cela s’ajoutent 155 millions d’euros liés à l’accès VIP, 80 millions d’euros de contributions supplémentaires du CIO (programme TOP) et 37 millions d’euros non détaillés. « à cause du fait d’une multitude d’axes d’amélioration des ressources. »
Qui recevra le surplus ?
Face à ces excellents résultats financiers, et une petite ligne du contrat qui leur est favorable, le Comité national olympique français (CNOSF) et le Comité français du sport paralympique (CPSF) vont recevoir de l’argent.
« Nous pourrons activer une clause de contrat de retour pour une meilleure fortune. Dès le départ, il était prévu que si nos revenus commerciaux dépassaient les objectifs, il y aurait une partie du versement au CNOSF (8 millions) et au CPSF (1 million) »indique Fabrice Lacroix. Soit 9 millions d’euros aux deux organismes selon les garanties contractuelles.
En plus des 26,8 millions d’excédents. À qui, précisément, iront ces millions inutilisés ?
La répartition prévoit 20 % pour le CNOSF, 20 % pour le CIO et 60 % pour des projets de développement du sport dans le pays hôte. Jackpot pour le CNOSF donc. « Ce surplus est destiné au développement du sport en France. L’objectif du premier trimestre 2025 sera de décider des modalités d’utilisation de cet excédent”estime Tony Estanguet. Avec ou sans lui ? « Si l’atterrissage budgétaire est voté par le conseil d’administration le 12 décembre, avec un résultat positif, je considère que ma mission de président exécutif du comité d’organisation prend fin. Je ne compte plus reprendre cette activité rémunérée pour 2024. »
Reste que le groupe événementiel GL Events, chargé de gérer une grande majorité des sites de compétition, réclame 30 millions d’euros à Cojo pour des « aménagements de fin de contrat », selon le média La Lettre.
Et l’argent public ?
Le coût des JO pour les finances publiques serait de l’ordre de 2,4 milliards d’euros selon les organisateurs (parmi les 8,85 milliards du budget global). Le Monde les évalue à 2,8 milliards d’euros. Contre 1,47 milliard initialement prévu en 2018. Le Tribunal des Compotes entendra les organisateurs début 2025.
Néanmoins, Fabrice Lacroix assure qu’au vu des résultats : « Nous réussirons à réduire les apports d’argent public qui étaient prévus. » Au printemps 2024, les organisateurs – pris avec un élan de prudence « face aux risques qui se présentaient » – avait demandé une prolongation des finances publiques de la ville de Paris, de la métropole et de la région Île-de-France. « Nous n’aurons finalement pas besoin de faire appel aux 17,5 millions d’euros d’engagements demandés. Ni la garantie demandée sur la réalisation d’un chiffre d’affaires billetterie paralympique de 12 millions d’euros. Ni la garantie de l’État sur les revenus des loteries de 13 millions d’euros. Au total, 42,5 millions d’euros ont été allégés aux acteurs qui s’étaient engagés.»détaille Fabrice Lacroix.