La décision de l’agence de notation américaine qui accorde un « AA- » à la France, l’équivalent d’un 17/20 (soit un 17 sur une échelle de 20 niveaux de notation chez Fitch), est attendue dans la soirée. Fitch pourrait également décider d’ajouter une « perspective négative » à sa notation sans la modifier, synonyme de risque de dégradation future.
Lors de sa dernière évaluation des finances françaises en avril – un statu quo – Fitch avait mis en garde contre un risque de baisse en cas d' »augmentation significative et persistante de la dette (…) par rapport au PIB résultant de déficits publics plus élevés que prévu ».
Cependant, la France a brutalement révisé sa prévision de déficit pour 2024, passant de 4,4% fin 2023 à 5,1% en avril pour finalement culminer à 6,1% du PIB, et l’exécutif a décidé de s’engager sur une trajectoire plus longue pour espérer revenir. en dessous de la limite de 3% tolérée par Bruxelles, en 2029 désormais contre 2027 auparavant.
« La France est une exception » dans la zone euro, analyse le cabinet d’études Oxford Economics dans une note, soulignant que le pays « a peu de chances de réduire significativement son déficit dans les années à venir », là où la plupart de ses voisins présentent des finances publiques plus optimistes. perspectives. Par exemple, l’Espagne prévoit d’afficher un déficit public de 2,5% l’an prochain et l’Italie de 3,3%.
2024, année « noire »
Pour prouver sa bonne volonté et éviter un risque de « crise financière » selon les mots du Premier ministre Michel Barnier, le gouvernement a présenté jeudi son projet de loi de finances pour 2025 prévoyant 60 milliards d’euros d’économies afin de réduire le déficit public à 5 %.
« D’ampleur relativement inédite » selon le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP) Pierre Moscovici, qui en a analysé les contours macroéconomiques, cette potion mêlant hausses d’impôts et baisses de dépenses pourrait remettre la France sur des rails moins glissants. après une année 2024 qu’il a qualifiée de « noire » jeudi. Mais cela risque aussi, selon lui et les économistes, de peser sur la croissance l’année prochaine, actuellement anticipée à 1,1% par le gouvernement, et de compliquer la réduction des déficits à l’avenir.
Une dégradation de notation par une agence a généralement pour effet de faire monter les taux d’emprunt de la France auprès d’investisseurs dont le taux à dix ans, référence des comparaisons internationales, est déjà supérieur à celui de l’Espagne et du Portugal. , pays autrefois connus pour dépenser plus.
La hausse des taux entraîne aussi une augmentation du poids de la dette, aujourd’hui deuxième poste budgétaire français derrière l’éducation, d’autant plus inquiétant que la France a annoncé jeudi un programme record de 300 milliards d’euros d’emprunts sur les marchés l’année prochaine.
Toutefois, la question de l’attractivité de la dette française pour les investisseurs ne se pose pas aujourd’hui, le dernier emprunt à long terme de la France de 12 milliards d’euros début octobre ayant conduit à une demande des investisseurs nettement supérieure aux besoins de la France.