Sauf accident, le revenu moyen par habitant en Afrique subsaharienne retrouvera enfin, en 2026, son niveau d’avant la pandémie de Covid-19. Selon la Banque mondiale, qui a publié lundi 14 octobre ses prévisions de croissance pour la région, celle-ci sera même supérieure de 2% à celle de 2019. Difficile cependant de s’en réjouir, car on joue au jeu des comparaisons. : en Asie du Sud et en Asie de l’Est, la différence de niveau de vie entre 2019 et 2026 sera de 30 % !
Depuis la fin de la crise sanitaire, la reprise au sud du Sahara s’accélère « lent et en retard » par rapport au reste du monde, soulignent les auteurs du rapport semestriel « Africa’s Pulse », estimant qu’il est urgent de relancer l’activité pour « Sortir du piège de la faible croissance ». Alors que plus d’un tiers des habitants de la région vivent déjà dans une pauvreté extrême, « Si cette tendance se poursuit à long terme, cela pourrait être catastrophique »a alerté Andrew Dabalen, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, lors d’un point presse.
Toutefois, les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises sur le plan économique. Le produit intérieur brut (PIB), attendu en croissance de 3 % cette année, devrait accélérer en 2025 pour atteindre 4 %. Certains pays s’en sortent clairement, comme la Côte d’Ivoire, l’Ouganda ou la Tanzanie, où une croissance très robuste dépasse les 5 %, voire les 6 %.
La reprise est soutenue par la consommation des ménages à l’heure où les pressions inflationnistes diminuent dans la plupart des pays du continent. Deux ans et demi après le déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a entraîné une flambée des prix alimentaires mondiaux, seule une poignée d’États, comme le Nigeria et le Ghana, continuent de jongler avec des hausses de prix à deux chiffres.
Le contexte international est également plus porteur grâce au mouvement de baisse des taux d’intérêt initié par les banques centrales des pays développés. Les marchés financiers ont commencé à rouvrir pour certains pays africains (Côte d’Ivoire, Bénin, Kenya, Sénégal), qui ont recommencé à emprunter après presque deux ans d’exclusion.
Chocs climatiques
Mais, selon la Banque mondiale, ces notes positives peinent à contrebalancer les contraintes et les risques qui freinent les perspectives de croissance. Parmi eux, les chocs climatiques, auxquels le continent est durement exposé : inondations, sécheresses et cyclones se multiplient partout en Afrique, amplifiant les problèmes de sécurité alimentaire et les effets des conflits.
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