Les principaux journaux nationaux (La Nación, Clarín, Página12) mais aussi la presse régionale (Los Andes, La Voz, El Tribuno…), les stations de radio (Radio Mitre, Radio Rivadavia, Radio Continental…) et d’autres chaînes d’information ont largement couvert l’affaire.
Arrêtés à Buenos Aires en début de semaine, les deux rugbymen ont été conduits à Mendoza, où a eu lieu la rencontre avec la femme, pour une audience de « mise en examen » ce vendredi. Les joueurs, qui ont refusé de témoigner, ont été formellement inculpés de viol aggravé et restent derrière les barreaux du centre de détention d’Estrada, dans le centre judiciaire de cette province occidentale de l’Argentine.
Dans le quartier des délinquants sexuels
Alors que l’avocat de Jegou et Auradou, Rafael Cuneo Libarona, frère du ministre argentin de la Justice, affirme qu’il va verser au dossier des preuves et des témoignages qui permettront de réorienter l’enquête, les médias ont largement relayé tout au long de la semaine les déclarations de Natacha Romano, l’avocate de la victime présumée, dont le nom n’a pas été dévoilé. Les titres de presse ont mis en avant l’enfer qu’aurait vécu sa cliente dans une chambre de l’hôtel où séjournait la délégation française, pendant près de quatre heures : coups de poing, strangulation, viols répétés…
Selon M. Romano, la plaignante, qui a subi des examens médicaux, porte les traces des violences qui lui ont été infligées. De son côté, M. Cúneo Libarona dit croire les acteurs lorsqu’ils affirment qu’il s’agissait simplement d’un rapport sexuel consenti. Pour l’heure, au vu du témoignage de la plaignante et des preuves apportées par son avocat, l’affaire est considérée comme suffisamment grave par la justice argentine pour que l’accusée soit détenue dans une aile pénitentiaire réservée aux agresseurs sexuels. La justice maintient également l’accusation de viol aggravé, qui vaudrait aux agresseurs présumés une peine de 8 à 20 ans de prison.
Violences faites aux femmes : l’Argentine vigilante
En Argentine, depuis 2015, le puissant mouvement féministe du pays s’est encore consolidé avec la création du collectif « Ni una menos » (Pas un de moins). Ici, l’opinion publique est particulièrement sensible à la question de la violence contre les femmes et l’arsenal juridique concernant ces délits s’est renforcé ces dernières années. Il existe également un numéro spécial pour dénoncer ces faits que les médias rappellent à chaque fois qu’ils doivent traiter d’informations sur le sujet.
Avec l’affaire du XV de France, certains commentateurs s’interrogent sur l’attitude de ces deux jeunes joueurs qui portaient pour la première fois le maillot tricolore et représentaient leur pays à l’étranger. Pour les éditorialistes argentins, cela démontrerait un certain laxisme de l’encadrement. Quelques jours plus tôt, un autre membre de l’équipe, Melvyn Jaminet, s’était fait connaître en publiant une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il tenait des propos racistes. Trop pour les Argentins qui se souviennent aussi d’une équipe de rugby française qui avait fait scandale lors d’une tournée en Argentine : en 2007, déjà à Mendoza, plusieurs joueurs avaient été interpellés après une bagarre dans un bar.