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l’AfD, le boulet allemand du Rassemblement national

POLITIQUE – Au Parlement européen, mieux vaut avoir des amis si l’on veut vraiment exister. Mais ces amis peuvent parfois être gênants. A quelques semaines des élections européennes, le Rassemblement national peut en témoigner.

Depuis 2019, les 18 députés européens du Rassemblement national se retrouvent au sein du groupe ID, Identité et Démocratie, un groupe d’extrême droite dont sont membres d’autres partis européens ayant une idéologie similaire : la Ligue pour l’Italie par exemple mais aussi l’AfD, Alternative für Deutschland, en Allemagne. Des partis d’extrême droite et eurosceptiques qui sont donc des alliés naturels du Rassemblement national.

Or, depuis quelques mois et à l’approche des élections européennes, l’AfD commence à être très encombrante pour le parti français. D’abord parce que depuis plusieurs années, les deux partis ne sont plus sur la même longueur d’onde, l’Allemand assumant sa radicalité et ses idées racistes, le Français misant tout sur la refonte de son image et sur sa diabolisation.

Une alliance au bord de l’implosion

C’est en janvier dernier que l’alliance a failli exploser. Le média d’investigation Correctiv publie une enquête révélant l’existence d’un « Plan de remigration » fomenté par l’AfD et des membres du mouvement néonazi pour expulser les étrangers et les citoyens allemands d’Allemagne « non assimilé ».

Outre-Rhin, ces révélations ont provoqué un immense choc dans le pays, poussant les Allemands à descendre dans la rue. L’émoi est arrivé en France et le RN monte au créneau pour creuser la brèche avec le parti allemand à quelques mois des élections européennes. « Que les choses soient extrêmement claires, Marine Le Pen s’est indignée le 25 janvier lors de ses vœux à la presse. Je suis totalement en désaccord avec la proposition (…) qui aurait été discutée ou aurait été décidée dans le cadre de cette réunion. »

Le déjeuner de réconciliation

Alors que le RN se montrait prêt à rompre avec son homologue allemand en février, un déjeuner entre Marine Le Pen et Alice Weidel, co-présidente de l’AfD, semblait suffire à les raccommoder. Mais, déjà quelques mois plus tard, les provocations se multiplient et les divergences refont surface. Mercredi 17 avril, Alice Weidel propose par écrit au Parlement allemand de se prononcer sur la restitution aux Comores de Mayotte, département français cher à Marine Le Pen.

En déplacement à Mayotte quelques jours plus tard, la patronne du RN s’est dite en colère face à la situation et a appelé l’AfD à, je cite, « faire face aux problèmes de l’Allemagne. » Enfin, le 22 avril, l’annonce de l’arrestation de l’assistant d’un député européen de l’AfD soupçonné d’espionnage pour le compte de la Chine a encore fragilisé une relation déjà torturée, d’autant que l’eurodéputé en question était lui-même soupçonné de collaborer avec la Russie.

Au Parlement européen, ce n’est qu’après le 9 juin que les alliances se feront et se défont, mais pour le RN, le choix reste limité : à la fois parce que tout accord avec Fratelli d’Italia, le parti de l’Italienne Giorgia Meloni, moins eurosceptique et plus Atlantiste, semble irréaliste, mais aussi parce qu’il semble difficile pour le parti français de se couper de l’AfD, dont la montée électorale est fulgurante en Allemagne, et enfin parce que le RN souhaite élargir le groupe ID pour gagner en influence au Parlement européen. Reste au Rassemblement national à décider s’il vaut mieux être seul que mal accompagné.

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Eleon Lass

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