Le cinéaste français, lauréat du Prix du Jury au Festival de Cannes en 2019 pour «Les Misérables», devra payer une amende de 50.000 euros pour abus de confiance dans la gestion de sa société de production et d’une association.
Publié le 19 juillet 2024 à 14h36
Mis à jour le 19 juillet 2024 à 15h20
LLe réalisateur français Ladj Ly, multi-récompensé pour Misérabledevra payer une amende de 50.000 euros pour abus de confiance dans la direction de sa société de production et d’une association, a-t-on appris vendredi auprès du parquet de Bobigny. Le cinéaste de 44 ans avait fait l’objet d’une alternative aux poursuites le 28 juin en reconnaissant sa culpabilité et évitant ainsi un procès correctionnel. « Des enquêtes ont mis en évidence une mauvaise gestion financière » de l’association Cité des arts visuels et de la société de production Lyly Films, a précisé le parquet de Bobigny, confirmant une information de Mediapart. L’association bénéficie de subventions publiques et de partenariats privés.
Le frère de Ladj Ly, Amadou, qui était le président de ces deux entités, a été condamné à six mois de prison avec sursis, 100 000 euros d’amende avec sursis et cinq ans d’interdiction d’exercer une profession commerciale ou industrielle, lors d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). L’enquête a notamment porté sur l’achat d’une maison à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, et les travaux qui ont suivi, grâce à l’argent de l’association, alors même que les frères Ly en étaient les propriétaires sur le papier, avait indiqué une source proche de l’enquête. Il n’y a toutefois pas eu de réelle volonté d’enrichissement personnel, selon cette source, qui a évoqué diverses dépenses réglées par l’association sans justificatifs ni qu’ils en étaient les seuls bénéficiaires.
Les frères Ly ont remboursé
Sur les quelque 300.000 euros qui semblent avoir été utilisés frauduleusement, les frères Ly ont intégralement remboursé les fonds entre décembre 2020 et février 2022, a précisé le parquet de Bobigny. Le cinéaste et son frère avaient été placés en garde à vue en février 2021 dans le cadre de l’enquête, ouverte un an plus tôt. Ils ont été remis en liberté. Une perquisition a également été menée dans les locaux de l’association à Monftermeil, une commune pauvre de la banlieue parisienne, où le cinéaste a grandi et installé son école de cinéma.
Membre du collectif artistique Kourtrajmé (« court métrage » en verlan), Ladj Ly a connu une renommée internationale en 2019 avec son film coup de poing Misérable qui a notamment remporté le prix du jury au festival de Cannes en 2019 et quatre Césars, dont celui du meilleur film. Acclamé par la critique, ce portrait sombre des banlieues a fait le tour du monde et suscité l’engouement du milieu cinématographique pour l’œuvre du réalisateur. L’école Kourtrajmé propose des formations gratuites au cinéma ou aux arts visuels, sans condition d’âge ni de diplôme. Elle compte déjà nombre de collaborateurs et partenaires prestigieux, de l’actrice Ludivine Sagnier à la plateforme américaine Netflix. Dans son sillage, deux autres établissements ont été ouverts à Marseille en 2020 et à Dakar en 2021.
Ladj Ly, réalisateur des « Misérables », fait décoller Montfermeil avec son école Kourtrajmé