L’adaptation au changement climatique n’est pas à la hauteur en France, selon les experts du HCC
Le Haut Conseil pour le Climat salue les progrès de la France en matière de réduction des émissions de CO2 mais prône une « changement d’échelle dans l’adaptation » au changement climatique et s’inquiète du retard de certains textes importants, encore accru par la dissolution, dans son rapport annuel publié jeudi.
« Il devient crucial que l’action climatique protège efficacement les enfants, les ménages et les entreprises. Malgré des progrès significatifs, les efforts d’adaptation restent en décalage avec les vulnérabilités et les besoins. »a jugé la présidente du HCC, la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré, lors d’une présentation à la presse.
Le rapport de plus de 230 pages rédigé par un panel d’experts prône une « changement d’échelle dans l’adaptation ».
L’année dernière a été classée deuxième année la plus chaude de France. Le pays a connu localement un manque d’eau ces dernières années en raison de la sécheresse, d’incendies géants dévastateurs, de vagues de chaleur, de tempêtes intenses et d’inondations.
Le gouvernement de Gabriel Attal était en train de préparer le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3), basé sur l’hypothèse d’un réchauffement de 4°C en France d’ici la fin du siècle (contre 1,7°C à ce jour). ). Mais le processus de consultation s’éternise et il est désormais suspendu à la majorité et au gouvernement issu des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.
– « Grave préoccupation » –
Le HCC, parmi 65 recommandations, appelle à « finaliser et adopter rapidement » ce texte, comme d’autres qui structurent l’action du gouvernement en matière climatique, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) ou la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). C’est « urgent afin de donner à chaque acteur la visibilité nécessaire pour agir de manière cohérente dans le temps »presse Corinne Le Quéré.
Pour l’exécutif, attaché à sa planification écologique, le contenu des feuilles de route en matière de neutralité énergétique et carbone est « déjà sur la table » à défaut d’avoir encore été formalisée juridiquement. Quant au plan d’adaptation, il est « très prêt »on soutient que.
Si la dissolution a encore retardé la publication de certains textes, le HCC a refusé de commenter la situation politique actuelle.
Le premier mandat de l’organisme indépendant, chargé d’évaluer l’action publique sur le climat depuis 2018 lors du premier mandat d’Emmanuel Macron, s’achève le 24 juin.
Un nouveau mandat devrait être annoncé jeudi avec le renouvellement de quelques membres. « Il n’y a aucune ambiguïté sur le fait que le HCC joue un rôle essentiel et nous souhaitons le pérenniser »souligne l’exécutif.
« Le rythme de décarbonation en France, avec une baisse des émissions brutes de gaz à effet de serre qui s’est accélérée en 2023, se rapproche pour la première fois du rythme attendu pour atteindre ses objectifs climatiques 2030 »salue le HCC.
La France prévoit une baisse de 50 % de ses émissions brutes d’ici là (par rapport à 1990), une déclinaison de l’ambition européenne « Convient pour 55 ».
– « Retraite » –
Les émissions brutes ont en effet diminué de 5,8 % l’année dernière, dont au moins un tiers peut s’expliquer par des facteurs cycliques tels que le redémarrage des réacteurs nucléaires. Jusqu’à deux tiers de cette baisse peuvent à l’inverse être considérées comme le résultat des politiques publiques, selon le rapport.
Il salue «des progrès importants mais inégaux» selon les secteurs dans les politiques, avec quelques revers, notamment pour l’agriculture. Ce secteur « souffre d’un manque de cohérence entre les politiques agricoles, alimentaires, environnementales et climatiques »regrette Corinne Le Quéré.
« Les politiques agricoles ont été marquées ces 12 derniers mois par un déclin de l’action publique pour le climat »déplore le rapport, évoquant notamment les réactions aux mouvements de colère agricoles du début de l’année.
Les experts soulignent également l’absence de « stratégie ou plan à grande échelle pour la régénération des écosystèmes forestiers »tandis que la capacité des sols et des arbres à absorber le CO2 est affaiblie depuis des années.
Dans un horizon un peu plus lointain, le Haut Conseil appelle à « un cap clair pour la décennie 2030-2040, pour avoir la capacité d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ».