FRANCK CRUSIAUX / AFP
François Ruffin photographié lors de sa rentrée politique dans la Somme le 31 août (illustration)
POLITIQUE – La scène continue de susciter des commentaires. Parmi les opposants de gauche, évidemment, heureux d’apporter un soutien opportuniste à François Ruffin, afin de mieux cibler la France Insoumise et, plus largement, le Nouveau Front Populaire accusé d’être sous la tutelle d’un Jean-Luc Mélenchon tout-puissant. Mais aussi au sein même du NFP, où plusieurs personnalités ont déploré l’image offerte par l’accueil houleux réservé par plusieurs sympathisants insoumis au député de la Somme.
Comme nous l’expliquions ce samedi 14 septembre, le fondateur de Picardie debout a été accueilli par des sifflets à son arrivée dans un débat face, entre autres, au député LFI Raphaël Arnault. Autre scène marquante, la chanson antifasciste italienne – » nous sommes tous antifascistes »- entonné alors qu’il était sur scène. Ce comité d’accueil faisait suite aux critiques (virulentes) formulées par l’intéressé contre la stratégie de La France Insoumise, accusée de négliger la France périphérique au profit des quartiers populaires.
Une méthode qui, selon lui, l’a conduit à la « honte « avoir mené une campagne » au visage » : utiliser un tract mettant en scène Jean-Luc Mélenchon « avec un noir ou un arabe « , et une autre lorsqu’il s’adresse aux électeurs non racisés vivant en zone résidentielle, et pour qui la figure du leader de LFI fait office d’épouvantail.
« Douloureux, détestable »
Un coup de gueule qui lui avait déjà valu les foudres du cercle rapproché du leader de LFI, et qui explique l’accueil hostile réservé au député. Sur le réseau social X, la vidéo montrant des dizaines de jeunes militants s’écrier à tue-tête devant le député a fait sursauter plusieurs élus du NFP. Comparer François Ruffin au fascisme est pitoyable, pathétique, détestable. C’est le petit-fils d’un résistant qui écrit ce texte.a dénoncé le sénateur communiste Pierre Ouzoulias. « Ce doit être un tour de passe-passe de l’histoire, mais voir à quel point la direction de LFI utilise le même registre que les staliniens pour dénoncer les trotskistes est étonnant. Ruffin serait « fasciste », bientôt il sera trotsko-zinoviéviste, ou zinovievo-titiste… C’est glaçant », a ajouté le député NFP des Yvelines, Aurélien Rousseau.
Invité sur RTL ce dimanche 15 septembre, François Hollande a également fait part de son commentaire : « François Ruffin dit de l’intérieur ce que nous disons depuis longtemps de l’extérieur. C’est-à-dire une dérive sectaire, brutale, communautariste et surtout une stratégie minoritaire de la France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon.
Sans surprise, l’aile droite du Parti socialiste, incarnée notamment par Carole Delga et Nicolas Mayer-Rossignol, a vu dans cette séquence une nouvelle occasion de dénoncer la coalition entre le PS et LFI. La gauche a mieux à faire et doit s’en débarrasser pour avancer.a déclaré le président de la région Occitanie.
De son côté, l’état-major de La France Insoumise affirme que François Ruffin ne fait que récolter les fruits de son discours, défini comme contraire à la lutte antiraciste. Personne n’a qualifié François Ruffin de fasciste. Mais beaucoup ont été choqués par ses propos et ont rappelé que l’antifascisme et l’antiracisme ne pouvaient pas être des questions secondaires pour la gauche. « , a répondu Manuel Bompard à un journaliste, oubliant un peu trop vite que des élus de son propre mouvement avaient auparavant comparé le député à Jacques Doriot, un dirigeant communiste (exclu du PCF en 1934) devenu un fervent partisan de la collaboration, au point d’avoir lui-même combattu sous l’uniforme nazi.
Apaisement
Une référence que Manuel Bompard lui-même a utilisée implicitement dans la conclusion d’un billet de blog en réponse à François Ruffin : « Il y a des pentes qui ne mentent pas. On connaît le point de départ mais pas le point d’arrivée. « .
Ce dimanche, alors que le fondateur de Picardie debout était largement attaqué sur X, Raphaël Arnault (qui l’a contredit lors du débat en lui reprochant une » faute politique » qui a « blesser « de nombreux militants ont appelé au calme. » S’il était bon d’aborder certains points hier, notamment avec François Ruffin, il est essentiel de rappeler que si les choses s’enflamment parfois à l’Agora, nos ennemis ne sont certainement pas à la Fête de l’Huma. Peu importent nos différences : construisons l’unité contre le fascisme ! » a-t-il tweeté.
En parallèle, le compte » Avec François Ruffin ! » a compilé les interventions du député samaritain, montrant que le contenu du débat ne pouvait pas être réduit aux images hostiles partagées sur les réseaux sociaux : » Mieux que des slogans et des polémiques mesquines, le débat de fond qui finit par être entendu » La question demeure : avec qui ?
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