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L’accord d’indemnisation du Purdue Lab avec les victimes annulé par la Cour suprême

Un accord d’indemnisation de quelque 6 milliards de dollars conclu entre le laboratoire Purdue, accusé d’avoir contribué à la crise massive des opioïdes aux Etats-Unis, et des Etats, des communautés locales et des victimes individuelles a été annulé, jeudi 27 juin, par la Cour suprême américaine. La plus haute instance judiciaire l’a jugé illégal car l’une des clauses protégeait la famille Sackler, propriétaire du laboratoire, de toute poursuite pénale future.

Après plus de six mois de délibérations, la Cour a conclu que la loi « ne permet pas de (…) une immunisation contre les poursuites sans le consentement des plaignants concernés »» a écrit au nom de la majorité Neil Gorsuch, rejoint par trois autres juges conservateurs et un progressiste.

Le juge des faillites, qui a approuvé l’accord en septembre, n’avait pas le pouvoir d’empêcher d’éventuels futurs procès contre des membres de la famille, qui ont engrangé des milliards en vendant de manière agressive l’analgésique OxyContin tout en mentant aux patients sur sa nature hautement addictive. L’OxyContin est considéré comme l’un des principaux accélérateurs de la consommation galopante d’opiacés aux États-Unis, qui a causé plus d’un demi-million de morts en vingt ans.

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« C’est un pas vers plus de justice »

Visée par d’innombrables poursuites, Purdue s’est déclarée en faillite en 2019 et a depuis négocié un accord avec les victimes de sa drogue, qu’elles soient des États ou des particuliers. La dernière version prévoyait que l’entreprise fermerait ses portes d’ici 2024 au profit d’une nouvelle entité gérée par un trust ; qu’elle fournit gratuitement ou à prix coûtant des médicaments anti-overdose et des traitements contre la dépendance aux opioïdes ; et que la famille Sackler paiera au moins 5,5 milliards de dollars au cours des dix-huit prochaines années.

Le ministère de la Justice, qui avait fait appel à la Cour suprême pour faire annuler l’accord, a fait valoir que la loi sur les faillites invoquée pour Purdue ne permet pas d’étendre la protection aux Sackler, qui ne se sont pas déclarés en faillite. Et ajoute que les Sacklers ont « siphonné » quelque 11 milliards de dollars de l’entreprise dans les années précédant sa déclaration de faillite en 2019.

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L’annulation de l’accord signifie donc que les Sackler, qui possèdent toujours une fortune bâtie en grande partie grâce à OxyContin, peuvent être poursuivis en justice. Cela signifie également que les États, les villes et les particuliers qui négociaient depuis plusieurs années avec Purdue ne recevront désormais plus rien.

Pratik Shah, un avocat représentant les victimes qui ont signé l’accord, a déclaré avant la décision qu’il était «  irresponsable (…) pour suggérer qu’il existe une sorte d’alternative secrète à l’obtention de réparation »affirmant que « Sans dérogation, le plan va s’effondrer ». « La décision de la Cour suprême constitue un revers majeur pour toutes les familles qui ont perdu des proches à cause d’une overdose et pour celles qui luttent encore contre la dépendance »a réagi Edward Neiger, un autre avocat représentant les victimes.

L’avocat du gouvernement, Curtis Gannon, avait plaidé au nom du  » d’autres victimes d’opioïdes qui ont également subi un préjudice tragique et qui déclarent ne pas consentir à ce que leurs droits soient supprimés par la force. « C’est un pas vers plus de justice » Ed Bisch, dont le fils est décédé en 2001 à l’âge de 18 ans d’une overdose après avoir pris de l’OxyContin, a déclaré à l’Associated Press. « La façon dont ils ont essayé de s’en sortir est scandaleuse. »dit-il, sans avoir à prononcer le nom des Sackler pour être compris.

Le Monde avec AP et AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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