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L’accord d’assistance mutuelle entre Moscou et Pyongyang empoisonne les relations entre la Russie et la Corée du Sud

La Corée du Sud est montée au créneau contre Moscou depuis la visite de Vladimir Poutine à Pyongyang le 19 juin et la signature d’un accord d’assistance mutuelle entre les deux pays en cas d’agression. Vendredi, le Premier ministre sud-coréen a de nouveau évoqué la possibilité de revoir la manière dont il soutient Kiev face à la Russie.

Plus tôt dans la matinée, Séoul a annoncé qu’elle élargissait la liste des produits interdits à l’exportation vers la Russie car ils pourraient potentiellement être utilisés à des fins militaires par Moscou. Un renforcement des sanctions devrait être mis en œuvre d’ici fin août, portant le nombre de produits interdits à plus de 1 400. La Corée du Sud a également annoncé des sanctions contre quatre navires russes et huit navires nord-coréens pour s’être livrés à un commerce illicite d’armes et de carburant. Les sanctions visent également cinq entités, dont l’Administration nord-coréenne des missiles.

Séoul estime que l’accord viole les résolutions de l’ONU

Ces interdictions et sanctions à l’exportation constituent le dernier épisode de tensions qui entachent les relations entre Séoul et Moscou depuis la signature de cet accord qui inclut une assistance militaire en cas d’agression de l’un des deux pays. Séoul a rapidement réagi en annonçant qu’il envisageait de revoir sa stratégie de soutien militaire à l’Ukraine et ouvrait la possibilité de livrer directement des armes à Kiev alors que, depuis le début du conflit, la Corée du Sud cherchait à épargner la chèvre et le chou en livrant principalement des armes à Kiev. uniquement des trousses de premiers secours, des casques, des gilets pare-balles, des médicaments et même des détecteurs de mines. Même si le pays s’est hissé, depuis plusieurs années, aux premières places du classement mondial des vendeurs d’armes.

Dans la foulée, la présidence sud-coréenne, qui craint que cet accord ne permette à Pyongyang de bénéficier du savoir-faire russe en matière nucléaire, militaire et spatiale, a qualifié le traité de « menace pour la sécurité nationale violant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». Elle avait mis en garde contre l’impact négatif qu’il pourrait avoir sur ses relations avec Moscou. L’ambassadeur de Russie en Corée du Sud a également été convoqué au ministère des Affaires étrangères.

Ce vendredi, le Premier ministre sud-coréen a de nouveau soulevé cette menace. « Le gouvernement analyse attentivement les répercussions du sommet Russie-Corée du Nord et y répondra activement aux niveaux diplomatique et militaire », a-t-il déclaré lors de l’ouverture du forum annuel sur la paix. Il a ajouté : « En fonction du niveau de coopération militaire de la Russie avec le Nord, nous prévoyons de revoir les mesures correspondantes, notamment en ajustant la portée de notre aide à l’Ukraine ».

Moscou dénonce des propos « inadmissibles »

Face à la possibilité que Séoul arme Kiev, Moscou n’est pas en reste et multiplie également les déclarations. À commencer par Vladimir Poutine lui-même. Depuis le Vietnam, où il s’est rendu juste après sa visite en Corée du Nord, le président russe a menacé : « fournir des armes meurtrières à l’Ukraine serait une très grave erreur. J’espère que cela n’arrivera pas. Si cela se produit, nous prendrons les décisions appropriées, ce qui ne devrait pas plaire aux dirigeants actuels de la Corée du Sud », avait-il alors déclaré.

Plus récemment, en milieu de semaine, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andrei Rudenko a critiqué l’ambassadeur sud-coréen. Selon l’agence de presse russe Tass, il a appelé Séoul à reconsidérer ce qu’il a décrit comme une « politique d’affrontement conduisant à une escalade des tensions » dans la péninsule coréenne. Une porte-parole du ministère, interrogée par la presse, a également critiqué « des mesures inconsidérées qui pourraient entraîner des conséquences irréversibles sur les relations russo-sud-coréennes ».

Ces déclarations ne font qu’enfoncer le clou. Vingt-quatre heures plus tôt, tout en soulignant que le nouveau partenariat stratégique global entre Moscou et Pyongyang ne visait ni la Corée du Sud ni d’autres pays tiers, Andreï Rudenko avait exprimé l’espoir que Séoul l’accepterait « sereinement » et « qu’une approche judicieuse prévaudrait ». , y compris dans les relations avec la Russie.

Moscou a qualifié d' »inadmissibles » les propos tenus par plusieurs hauts responsables à Séoul, dont ceux du président sud-coréen, qui ont qualifié cet accord d' »anachronique » qui n’allait pas dans le sens de l’histoire et violait de manière « flagrante » les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ces critiques ont été reprises peu après par le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, estimant qu’il était « déplorable » que la Russie viole des résolutions qu’elle-même avait accepté d’adopter en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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